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8 juillet 2015  Archives des actualités

par Maxime Caudron et Jean-Yves Buron

OXI : le non grec…

Ce néolibéralisme européen qui ne supporte pas la démocratie

Ce dimanche, plus de 60% des Grecs ont dit non à l’austérité. Ils ont surtout dit non à la Troika (FMI, BCE et Commission européenne) et à son idéologie néolibérale. Ne nous laissons pas gagner par l’opération de communication des dirigeants de l’UE. Le non du référendum n’est pas un non à l’Union européenne. Ce n’est pas un non à l’euro. C’est un non à l’Europe des spéculateurs, des financiers, à l’Europe des multinationales et des banquiers. C’est un non aux agences de notation qui font la pluie et le beau temps. C’est un non à ce business lucratif que sont les dettes. C’est un non à l’austérité, cheval de Troie des privatisations. C’est un non à un système économique et politique qui ne fait ses preuves que pour les grosses fortunes et qui, en fabriquant massivement de la pauvreté, fait le lit de l’extrême droite. Cela fait trop longtemps qu’en Grèce comme ailleurs en Europe, la caste dirigeante semble prendre toute opposition à l’Europe néolibérale comme une opposition à l’Europe tout court. Pourtant, heureusement, une autre Europe est possible.

Rappelons-le : les Grecs n’ont pas vécu au-dessus de leurs moyens. Le peuple n’a pas profité de l’endettement. Et, non, le contribuable belge ne va pas payer pour eux. Au contraire, en Belgique comme en Grèce, aujourd’hui c’est bien le peuple qui rembourse pour enrichir une minorité d’hommes d’affaires sans patrie. La Banque centrale européenne prête à taux plancher aux banques privées alors que celles-ci imposent aux États des taux d’intérêts disproportionnés. Les réformes fiscales et l’austérité imposée, en Grèce comme ailleurs, vident les caisses des États et permettent aux seules grosses entreprises et aux grosses fortunes d’éviter l’impôt. Les fuites de capitaux, le démantèlement des services publics et de la sécurité sociale, le chômage massif et l’euro - qui est de moins en moins au service de l’économie réelle - sont des conséquences des politiques d’austérité imposées à la Grèce et au reste de l’Europe mais aussi aux pays du Sud, via les plans d’ajustement structurel.

Ce qui est arrivé à la Grèce depuis 2008, en suivant les recommandations du FMI, de la BCE et de la Commission européenne, au détriment de sa population, c’est ce qu’ont subi les pays du Sud depuis les années 1980 en acceptant les plans d’ajustement structurel du FMI. La réaction de Tsipras et le référendum de dimanche, c’est ce qu’auraient dû faire les pays du Sud depuis longtemps. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Rafael Correa, le président équatorien. Depuis son élection en 2006, aucune des propositions du FMI n’a été acceptée par l’Équateur. Le président a même décidé de faire l’inverse : au lieu d’utiliser 90% des recettes du pétrole pour rembourser sa dette comme le recommandait le FMI, 80% de ces recettes ont été investies dans le social. De plus, Correa s’est battu pour qu’une partie de la dette soit annulée, ce qu’il a obtenu. L’opposition l’a qualifié de fou,et pourtant sa politique porte ses fruits : la pauvreté a diminué de 10%, le chômage n’est que de 4,7% et la dette publique ne représente que 26% du PIB [1].

Le non des Grecs ou la politique de Correa, c’est un oui à la démocratie, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à passer avant les intérêts de quelques-uns. Il faut saluer le résultat de ce référendum qui a enfin donné la possibilité au peuple grec de choisir son destin.

Ainsi, en votant pour Syriza en janvier et contre l’austérité ce dimanche, les Grecs sont engagés dans un voyage plein d’inconnues, mais surtout un voyage à la recherche d’une alternative au néolibéralisme qui détruit l’Europe à petit feu. Les dirigeants européens, ceux du FMI et tous les experts, défenseurs du néolibéralisme, les prennent pour des fous. En vérité, ils ont peur. Peur que les Grecs, mais aussi les Équatoriens, prouvent qu’il existe une ou des alternatives à leur politique. Ils sont terrorisés parce que l’OXI [2] lancé par la Grèce, c’est une fissure dans le mur du mythe néolibéral qui s’impose depuis trop longtemps sans avoir jamais fait ses preuves. Que la Grèce et l’Équateur prouvent que tout autre chose est possible et tout le mythe s’effondre : plus de 30 ans de politiques économiques inefficaces et destructrices - et combien de victimes ?

Choisir la politique de la Troïka, c’est choisir un système qui a fait basculer des dizaines de pays dans la grande pauvreté et le sous-développement depuis 30 ans.
Le non grec, c’est un non à la tiermondisation de notre continent.
Souhaitons que ce non agisse comme un électrochoc sur les Européens, dans tous les pays où l’austérité est avancée comme seule et unique solution. Il est temps d’arrêter de laisser faire un système économique obsolète qui condamne l’Europe du Sud, et, au contraire, de valoriser ces régions (Grèce, Italie, Espagne et Portugal) qui ont le plus fort potentiel naturel [3] pour permettre la transition vers une économie mondiale durable, humaine et démocratique.



[2NON en grec

[3Le climat ensoleillé et venteux de ces régions présente un vrai potentiel pour les énergies renouvelables, solaire et éoliennes ainsi que pour l’agriculture qui peut s’y pratiquer dix mois à l’année



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