Illustration : un paysage africain, à moitié dévasté par la pollution et extraction minière, l'autre moitié belle et florissante.
Affiche / poster Documents de campagne
Mis à jour le 25 Jan. 2024.

Poster de Carême 2024

Campagne de Carême
Du carré minier au carré potager, un chemin difficile. Un passage de l’ombre à la lumière. Un chemin responsable et solidaire.
Public : Eglise/paroisse

Du carré minier au carré potager

Montrer la tapisserie ensuite inviter les personnes à fermer les yeux. Qu’ont-ils retenu ? Que voient-ils ? Qu’est-ce qui ressort du tableau ?

Introduction

Ralph nous emmène par son oeuvre au plus profond de nous-même, dans cette dualité que chaque être humain ressent au cours de sa vie. Et en même temps, dans deux mondes très concrets de la réalité vécue au Sud-Kivu : l’un ravagé par un carré minier et l’autre, paisible carré potager, où règnent l’équilibre et la préservation des écosystèmes. Une utopie ? Peut-être pas…

En profondeur

L’ARBRE représente la vie. D’un côté un arbre mort, vaincu par une surface polluée, la mise à nu de ses racines par le creusement et l’enlèvement des couches arables du sol. Et de l’autre côté, une femme arbre, résiliente et résistante, enceinte et porteuse de vie, nous rappelant que la nature est généreuse (abondance de feuillage vert, de fruits, de fleurs, racines dans l’eau).

LA MAIN QUI DONNE un fruit à l’enfant : mère Nature, naturellement productive si elle est bien entretenue et respectée peut nourrir plusieurs générations. Représentée ici par la présence des autres arbres fruitiers, des poissons dans la rivière et des cultures. Un fragile écosystème lié au travail de l’être humain respectant le cycle de la vie, symbolisé par LA BALANCE EN ÉQUILIBRE.

L’enfant en harmonie avec l’arbre porteur de fruits et aux racines fleurissantes, symbolise également l’avenir de la jeunesse. En effet, beaucoup de jeunes délaissent les champs et/ou les études pour se tourner vers les carrés miniers. Il y a un réel défi concernant la souveraineté alimentaire dans la région du Sud-Kivu qui perd de plus en plus en autonomie. Il est primordial que la jeunesse réinvestisse dans l’agriculture, idéalement, l’agroécologie.

LA BALANCE EN DÉSÉQUILIBRE : symbolise ici le déséquilibre entre l’or et le marteau de la justice… Le gouvernement Congolais conscient des richesses de son pays laisse la main mise aux entreprises étrangères, le non-respect du code minier et la corruption aux différents niveaux de pouvoirs (État, ministère des mines, coopératives minières, chefferie, propriétaires des trous, revendeurs, etc.)

La représentation HUMANOÏDE qui fume : pour l’artiste, elle représente l’exploitation artisanale et individuelle. La prédominance de la population du côté minier montre l’abandon des champs par la majorité de la population pour se consacrer à la recherche de minerais avec comme espérance « si la chance me sourit, je serai riche rapidement ».

Nous y voyons aussi la représentation d’un bulldozer synonyme d’exploitation industrielle, d’accaparement de terre, de déforestation, de destruction massive de l’environnement, pollution de l’air, des rivières, contaminant les populations et les animaux, pollution du sol par le pétrole ou autres déchets et produits chimiques, symbolisé par le liquide noir qui coule de la bouche béante de cet « humanoïde » géant. Hypnotisant, contrôlant, voulant toujours plus de profit (dollars dans les yeux).

Les personnages présents dans la scène

LES CREUSEURS : Le creusage est d’ordinaire réservé aux hommes. Ce sont eux qui entrent dans les tunnels, profonds parfois de plusieurs centaines de mètres, risquant leur vie (inondations, effondrements, asphyxie, maladies, etc.) pour extraire le sable dans lequel se trouvent les minerais.

LES MAMAS TWANGEUSES : Les femmes s’occupent des activités de concassage : elles transportent le sable jusqu’à la rivière pour faire le lavage. Ensuite, elles pilent et broient les roches, puis trient, séparent et enlèvent la poussière grâce à un tamis. Les femmes ont également un rôle alimentaire : elles font le petit commerce et vendent des fruits et légumes, préparent la nourriture que les creuseurs peuvent acheter.

LE SOLDAT : rappelle les conflits armés encore trop présents dans la région du Sud-Kivu mais aussi l’omniprésence des rebelles étrangers et la crainte que celle-ci suscite auprès des populations avec le pillage des terres et des ressources, la destruction des récoltes et du bétail ainsi que le viol comme armes de guerre.

LES FEMMES ASSISES décortiquant le maïs représentent les coopératives paysannes, particulièrement les groupements féminins. Les femmes sont (avec les enfants) les premières victimes du départ des hommes partis « faire fortune » dans les carrés miniers. Laissées sans nouvelles et sans argent pendant de longues années, elles doivent se serrer les coudes et faire preuve de solidarité communautaire.

LES DEUX PERSONNAGES CENTRAUX : expriment l’importance de l’entraide, de l’accompagnement, d’une main tendue. Ils font aussi référence à un passage, à une transition d’un système extrêmement violent pour les êtres humains et pour l’environnement vers quelque chose de plus doux, d’harmonieux et de respectueux : vers une écologie intégrale.

C’est une part du travail de notre partenaire CHANGE. Descendre dans les carrés miniers pour sensibiliser des femmes et des jeunes filles à l’importance du travail de la terre et de l’agriculture. Grâce aux sensibilisations, certaines sont sorties du carré minier pour revenir aux carrés potagers et retrouver la dignité et le regard vif.

Depuis que j’ai quitté le carré minier IKç, à la maison nous ne manquons plus de nourriture, je produis moi-même mes légumes, et je peux même vendre un peu de surplus sur les marchés pour acheter de la farine de manioc. À la mine, je gagnais de l’argent mais je ne savais acheter qu’une petite quantité de nourriture qui n’était pas suffisante pour les besoins de la maison. J’ai 7 enfants et 4 petits-enfants. Tous mes enfants étaient aussi dans l’activité minière, mais juste après la formation donnée par Change, ils l’ont abandonnée pour faire de l’agriculture.

Espérance, membre d’une coopérative féminine accompagnée par CHANGE

Le dessinateur

Ralph AWA est un jeune et talentueux artiste congolais, autodidacte. Âgé de 23 ans et étudiant en médecine, il est passionné d’art depuis son plus jeune âge. Du dessin de portraits, en passant par la BD ou la caricature, un de ses nombreux rêves est de mettre ses talents au service de la santé. Il réalise des boites à images du corps humain, pour informer et sensibiliser les gens à des questions de santé importantes. Il est persuadé que l’art est un magnifique moyen pour faire passer des messages importants en termes de santé, mais pas que… C’est pourquoi il travaille aussi pour des médias locaux engagés, comme la radio OKAPI, qui est une radio d’informations indépendante qui a été créée pour informer la population congolaise de la situation humanitaire et politique du pays. Les journalistes de la radio sont d’ailleurs régulièrement confrontés à l’opposition des autorités et des chefs de milices armées, qui n‘apprécient pas la liberté dont la radio fait preuve dans le traitement de l’information. Ralph réalise pour eux des caricatures et des mini BD ainsi que pour une autre antenne : RFI.

Son travail d’artiste lui permet notamment de financer ses études en médecine et d’autres charges quotidiennes.