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30 septembre 2020  Archives des actualités

Communiqué de presse de la CIDSE

Financement pour l’agroécologie : plus qu’un rêve ?

De nouvelles données révèlent l’existence d’un important déficit de fonds publics en faveur de l’agroécologie.

Ce manque de financement risque de freiner la transition vers des systèmes alimentaires résistants, élément crucial de la juste reprise post-pandémique.

Rapport disponible (version anglaise) en téléchargement au bas de la page.

L’agroécologie est de plus en plus reconnue comme cruciale pour renforcer la résilience et faire face à la crise climatique ; elle est jugée essentielle pour poursuivre l’Accord de Paris sur le climat et les Objectifs de développement durable. Cependant, le nouveau rapport de la CIDSE en collaboration avec l’Université de Coventry "Finance for agroecology : more than just a dream" révèle que les financements actuels des institutions européennes et internationales renforcent l’agriculture conventionnelle alors que peu d’argent n’est investi dans l’agroécologie, ce qui rend le changement difficile à réaliser.

L’étude se concentre sur les fonds de l’aide publique au développement (APD) de l’UE acheminés de 2016 à 2018 par l’intermédiaire de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM). Dans le même temps, l’étude se concentre également sur le portefeuille du Fonds vert pour le climat (FVC), depuis sa création jusqu’en décembre 2019.

Les données recueillies le révèlent :

En ce qui concerne les projets agricoles financés par l’UE par l’intermédiaire de la FAO, du FIDA et du PAM

-  Aucun d’entre eux ne soutient l’agroécologie transformatrice, c’est-à-dire la transformation à la fois des agroécosystèmes et des systèmes alimentaires ;
-  Près de 80 % d’entre eux promeuvent le statu quo et les approches axées sur l’efficacité (telles que l’intensification durable) ;
-  2,7 % des fonds se réfèrent à des projets qui représentent un premier pas vers l’agroécologie.

En ce qui concerne les projets agricoles financés par le Fonds vert pour le climat (GCF)

-  Près de 80 % des fonds sont consacrés à des programmes et des projets favorisant le maintien du statu quo et des approches axées sur l’efficacité (telles que l’intensification durable) ;
-  10,6 % de l’argent investi dans des projets agricoles par le GCF soutient l’agroécologie transformatrice ;
-  10,1 % des fonds sont consacrés à des projets qui représentent un premier pas vers l’agroécologie.

Tout cela se passe dans un contexte où les partenariats public-privé (PPP) et les financements mixtes - des mécanismes qui reposent sur des partenariats avec des entreprises du secteur privé et des acteurs financiers - se sont multipliés mais se sont concentrés sur l’agriculture industrielle, et leurs avantages pour les petits exploitants ont été sérieusement remis en question.

"À la lumière de ce rapport, il est crucial de réorienter les financements vers l’agroécologie et de mettre fin aux projets qui nuisent à la transformation des systèmes alimentaires. Sans cette réorientation, il ne sera tout simplement pas possible de garantir le droit à l’alimentation pour tous dans un climat en mutation", a déclaré François Delvaux, responsable de l’agroécologie et de la souveraineté alimentaire à la CIDSE.

Le rapport soutient qu’en tant qu’investisseurs publics de premier plan, le Fonds vert pour le climat, les États membres de l’UE et l’Union européenne peuvent jouer un rôle important dans le soutien à la transformation de nos systèmes alimentaires et financer des projets qui protègent l’environnement et qui luttent contre le changement climatique comme le fait l’agroécologie. Les agences basées à Rome (FAO, FIDA et PAM) ont également un rôle clé à jouer dans le soutien de cette transformation.

"Les données montrent que l’agroécologie est encore sous-financée. Un énorme potentiel de changement reste inexploité", a déclaré Nina Moeller, chercheuse principale du Centre pour l’agroécologie, l’eau et la résilience (CAWR) de l’Université de Coventry.

Comment les flux financiers peuvent-ils catalyser la transformation ? C’est une vaste question à laquelle la CIDSE et le CAWR de l’Université de Coventry ont commencé à répondre par la recherche-action et le dialogue avec les différentes parties prenantes. Les résultats de cette recherche seront publiés plus tard dans l’année.

Cette note politique a été élaborée par la CIDSE et s’appuie sur les recherches menées par Nina Moeller au Centre d’agroécologie, Water and Resilience (CAWR) de l’Université de Coventry au Royaume-Uni.

La CIDSE, dont Entraide et Fraternité est membre, est une famille internationale d’organisations catholiques pour la justice sociale, qui travaillent ensemble pour promouvoir la justice, exploiter le pouvoir de la solidarité mondiale et créer un changement transformatif pour mettre fin à la pauvreté et aux inégalités. Pour ce faire, elle s’attaque à l’injustice et à l’iniquité systémiques ainsi qu’à la destruction de la nature. Elle croit en un monde où chaque être humain a le droit de vivre dans la dignité.

version anglaise du rapport.





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