Le pape François a été élu voici 10 ans juste à la tête de l’Église catholique : même si certains regrettent que les choses n’aillent pas plus vite et même si des freins conservateurs se dressent sur son chemin, il incarne une foi qui veut remettre la justice sociale et climatique au centre du jeu.
Voici 10 ans que Jorge Bergoglio est devenu le pape François. Premier pape issu d’Amérique, se revendiquant ouvertement de la filiation avec saint François d’Assise, François est, comme la plupart de ses prédécesseurs, pris entre deux feux. D’une part, les forces conservatrices qui contrôlent la Curie, dynamisent l’Église de nombreux pays du Sud et font leur retour chez nous : ceux-là prennent le Pape pour un dangereux progressiste. À l’inverse, comme toujours, a fortiori après deux pontificats très conservateurs, ceux qui ont placé de grandes espérances en lui peuvent trouver trop timides ses avancées dans le domaine de la lutte contre la pédophilie dans l’Église ou en faveur du rôle des femmes dans l’institution.
Au-delà de son ouverture horizontale matérialisée par son synode sur l’avenir de l’Église, mettons en évidence les avancées voulues par l’Argentin sur le terrain de la justice sociale. Comme on le constate dans l’identité des cardinaux qu’il a nommés et des pays qu’il a visités, François est le pape qui souhaite mettre les périphéries en évidence. « L’Église doit sortir d’elle-même et aller dans les périphéries, non seulement géographiques mais aussi existentielles, là où se trouvent le mal, l’injustice, la douleur et toutes les misères. » Il est ainsi le Pape de la justice sociale, le pape qui a effectué son premier déplacement pour aller soutenir les migrants à Lampedusa, le pape qui a accueilli des réfugiés syriens et fait la leçon aux dirigeants européens sur ce thème, le pape qui a envoyé du matériel médical, en Colombie comme à Gaza, durant le Covid…
Associant la « clameur de la terre » à la « clameur des pauvres », ses encycliques, Fratelli Tutti et surtout Laudato Si’, ont contribué à faire non seulement du pape ce pape de la justice sociale mais aussi, selon une formule souvent utilisée à mauvais escient, le « pape écolo ». S’il a fait de de l’écologie un pilier de son pontificat (également visible au travers du Synode sur l’Amazonie, cœur de notre campagne de Carême), ce n’est pas dans une vision réductrice mais au travers d’une « écologie intégrale » qui redéfinit les relations entre l’être humain, la société et l’environnement, et de notre « Maison commune » qu’est la « Terre mère ». Des thématiques et une approche en phase avec les combats d’Entraide et Fraternité comme d’Action Vivre Ensemble.
Le dixième anniversaire de ce pontificat intervient, hasard du calendrier, en plein Carême. L’occasion de rappeler comment, à la lumière de Laudato Si, François appelle à une conversion en ligne avec la défense de notre Maison commune : Ton carême avec Laudato si’ – Maison commune