dessin : cercle de flèches d'un drapeau belge vers une bouteille de poisons vers un drapeau brésilien vers un mug avec le symbole de poison vers le drapeau belge

Interdits ici, exportés là-bas. Mortels partout

Avec SOS Faim, FIAN, Viva Salud, Îles de Paix et Broederlijk Delen, Entraide et Fraternité vient de publier sous ce slogan un rapport accablant : entre 2013 et 2020, nos recherches ont montré que la Belgique a exporté 16 substances actives à usage agricole interdites en UE pour un total de près de 50 000 tonnes vers plus de 70 pays.

Le Brésil est un des premiers importateurs de pesticides européens : seuls les USA en achètent plus. Plusieurs centaines d’entre eux ont été libérés à la vente par Bolsonaro mais aussi tout récemment par Lula. Ces pesticides sont pour la plupart interdites par l’Union européenne. Pourtant, nos entreprises n’ont aucun scrupule quand il s’agit de vendre ces produits dangereux à d’autres pays. Et à les voir ainsi revenir… dans nos assiettes vu les importantes exportations de bétail et de céréales brésiliens vers l’Europe.

L’impact de ces substances interdites dans les pays où elles sont utilisées est important tant sur les plans sanitaires, environnementaux et de droits humains et certainement pas moindre qu’en UE où ils ont été interdits. Ces produits sont reconnus pour leurs effets cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR), particulièrement pour leurs premiers utilisateurs : les agriculteurs et agricultrices et les travailleurs et travailleuses agricoles.

Aux Philippines, autre pays où nous sommes actifs, le carbendazime, produit à Ougrée en province de Liège, est vendu en accès libre sur internet et dans des magasins spécialisés. En 2018, Arysta en exportait 15t vers les Philippines, soit 30000 litres de produit fini (Goldazim…). Le carbendazime entraîne pourtant des anomalies génétiques et nuit à la fertilité. Des traces de ce produit, interdit depuis 2009, se trouvent encore en 2019 dans 93% de 29 cours d’eau européens.

En bout de course, ces produits se retrouvent donc dans notre alimentation. Selon une étude de 2020, 74 substances actives interdites ont été retrouvées dans 5800 échantillons de produits alimentaires importés en UE. Sur plus de 1600 d’entre eux, on a retrouvé du carbendazime. Les aliments les plus touchés sont le thé (48-65 % des échantillons testés) et les fruits tropicaux (papayes, goyaves…).12 C’est le cycle du poison. Alors que l’UE interdit l’utilisation de certaines substances actives pour ses agriculteurs et agricultrices, elle les tolère dans l’alimentation que nous importons et fournit à ses pays tiers ces produits chimiques. Cet état de fait crée une concurrence déloyale entre les agriculteurs et agricultrices d’ici et ceux d’ailleurs.

Nous demandons au gouvernement d’adopter une mesure au niveau belge permettant l’interdiction de l’exportation, applicable à l’ensemble des pays tiers, des substances actives interdites. Et à l’Europe d’élaborer pour l’année 2023 une proposition pour la stratégie en matière de produits chimiques contenant une mesure relative à l’arrêt de l’exportation de substances actives interdites.