

Le Centre Agro-pastoral de Mutwenzi se donne comme mission d’alléger la misère de la population rurale de la région.
Le Centre Agropastoral de Mutwenzi (CAM) a été créé en 1995 par feu Mgr Jean-Berchmans Nterere, ex-évêque du diocèse catholique de Muyinga. Il est situé dans la province de Kirundo, au nord du Burundi, à moins de 30 Km de frontière entre le Burundi et le Rwanda et à quelque 176km de la capitale, Bujumbura.
Le CAM se donne comme mission d’alléger la misère de la population rurale de la région. Cette pauvreté est aggravée par une série de facteurs dont la crise sociopolitique et économique, l’irrégularité des pluies qui perturbe les saisons culturales, les maladies et ravageurs des cultures, et la spéculation de certains commerçants.
Pour réduire la pauvreté rurale, le CAM s’appuie sur 3 activités principales. La 1e est l’organisation d’une formation pour les agri-éleveurs. Cette formation est résidentielle et dure 3 mois. Pendant ce temps, les agri-éleveurs suivent des cours pour améliorer leurs connaissances et techniques en agriculture et élevage moderne, ces activités étant les principales au Burundi. Mais ils prennent également part à des cours sur l’art culinaire et l’hygiène de vie. Au terme des 3 mois de formation, les agri-éleveurs retournent chez eux afin de mettre en application ce qu’ils ont appris et de le diffuser. L’accord passé avec eux étant qu’ils constituent à leur retour des groupes d’agriculteurs afin de retransmettre ces acquis.
L’histoire de Faustine, une des agri-éleveuses :
Après avoir suivi la formation, Faustine est rentrée chez elle et a demandé à son père un champ pour mettre en application ce qu’elle avait appris et se faire de l’expérience. Elle met en place une plantation de bananiers en ligne et très vite elle voit les résultats, les quantités produites sont importantes, ce qui lui permet de gagner petit à petit sa vie. Elle trouve des débouchés localement mais aussi auprès d’exportateurs en Tanzanie pour la fabrication de biscuits.
Ce qui est beau dans cette histoire, c’est que, dans la culture burundaise, normalement une fille n’a pas le droit d’avoir un lopin de terre au sein de sa famille. Ici, son père lui en a donné une petite partie pour voir ce qu’elle allait faire. En voyant les résultats de Faustine, il lui a confié plus de terre. Ont suivi les voisines de Faustine, curieuse et voulant également apprendre les nouvelles méthodes culturales de Faustine. Ainsi elle a demandé à ces femmes de se regrouper et elle est devenue présidente d’un « groupement » de 10 femmes. Au sein du groupe, elles ont mis en place un système de crédit rotatif qui a permis aux membres de s’acheter des cartes des mutuelles de santé, de même que payer les frais scolaires pour les enfants de certains membres en difficulté. L’un des objectifs du groupe est de pouvoir améliorer leur habitat.
Pour soutenir ce groupement, le CAM leur a offert un crédit bétail de 5 chèvres. Ces dernières s’étant multipliées, chaque membre a pu recevoir une chèvre et le reste a été rendu au CAM.
Une fois les groupes constitués, ceux-ci sont suivis, conseillés et évalués. Parmi les personnes qui ont suivi la formation, le CAM va établir un palmarès pour les 10 meilleurs agri-éleveurs et ceux-ci recevront des vaches, des chèvres ou encore de l’outillage.
La particularité du centre est qu’il dispose aussi de deux unités de transformation. Elles produisent une huile de tournesol de haute qualité, ce qui n’est pas forcément facile à trouver au Burundi et elles transforment aussi l’ananas pour en faire un excellent mousseux. Le centre achète les matières premières, les transforme et commercialise le produit fini, garantissant ainsi aux agriculteurs un marché sûr et un prix rémunérateur. Cette démarche valorise la production des agriculteurs et leur permet d’augmenter leurs revenus.