

Mouvement de la population rurale pauvre – donner voix aux organisations paysannes de base
Le déclin du mouvement paysan Philippin au niveau national a privé les communautés rurales de Mindanao d’une représentation dans des instances nationales et régionales pour faire entendre leurs voix. La population rurale pauvre de Mindanao s’estime ainsi marginalisée non seulement dans les instances du gouvernement mais même au sein des organisations de la société civile lors d’événements nationaux et internationaux.
C’est pourquoi en 2007, pour répondre à la demande des organisations paysannes d’avoir une plateforme où ils peuvent coordonner leurs efforts, en particulier dans la campagne sur l’amélioration du régime foncier, le mouvement KILOS KA a été créé.
« Notre organisation, décrit Jam Caylan, responsable de la communication de KilosKa, a pour but de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas et de faire connaître leurs problèmes, leurs préoccupations et leurs revendications aux hauts responsables, au gouvernement notamment ».
La formation du mouvement a été appuyée par les organisations de base sur toute l’île de Mindanao, afin de répondre aux menaces globales qui pèsent sur la population rurale. Ces menaces incluent : l’accaparement des terres par des entreprises ; l’exploitation minière et l’exploitation forestière sans discernement ; la privatisation des ressources communes telles que la terre, l’eau et l’énergie ; la conversion des bassins de production alimentaire et la lenteur de la réforme agraire.
KILOS KA travaille plus particulièrement sur les questions suivantes :
- la sécurité d’occupation pour les petits agriculteurs et les pêcheurs, par la mise en œuvre de la suite du programme de la réforme agraire qui s’est terminée en 2014, par l’attribution de zones de pêche et d’habitations aux pêcheurs, et par des réponses positives aux revendications des communautés moros et lumads concernant leurs terres ancestrales ;
- les questions environnementales, comme l’exploitation minière et l’exploitation forestière aveugles, la dégradation des côtes et les politiques environnementales et économiques néfastes pour les communautés rurales ;
- la protection des sites de production d’aliments de base contre l’accaparement des terres par les entreprises et la privatisation des eaux communautaires ;
« KilosKa assiste ainsi les agriculteurs notamment dans leurs litiges fonciers et leur offre un lieu de dialogue avec les représentants du gouvernement et les autres parties prenantes. À deux reprises déjà, nous avons emmené des paysans indigènes privés de terre à Manille pour présenter leurs cas aux autorités et, en 2012 par exemple, nous avons obtenu la redistribution de 14.000 ha de terres. ». Le développement du mouvement a été accompagné par SUMPAY, partenaire également d’Entraide et Fraternité. Actuellement, 39 organisations de toute l’île de Mindanao adhèrent au mouvement KILOS KA. Parmi ses membres se trouvent les différents partenaires d’Entraide et Fraternité aux Philippines. Des actions communes de plaidoyer peuvent ainsi être menées vis- à vis du gouvernement local et national pour la mise en œuvre la réforme agraire et la promotion de la souveraineté alimentaire.