

Le mouvement de Jeunes de la Rue (MOJOCA) a initié ses activités en 1994 lors du travail de recherche du professeur Gerard Lutte de l’université La Sapienza de Roma. Il a collecté des récits de vie d’environ septante filles et garçons qui vivaient dans les rues de la capitale du Guatemala. Motivé par la dure réalité des jeunes et des enfants de la rue, le professeur Lutte propose de créer une organisation pour leur venir en aide et faire face à leurs problèmes.
L’approche est basée sur l’accompagnement des jeunes sans les soumettre à des règles rigides ni les intégrer dans une maison d’accueil en les éloignant de leur “famille de la rue”. L’idée à long terme est de fonder un mouvement des jeunes de la rue, qui soit autogéré. Pour cela, la méthode mise en œuvre intègre les jeunes à travers un processus comportant différentes phases :
1. Dans un premier moment, la sensibilisation à travers des visites et dialogues avec les jeunes de la rue pour nouer des relations de confiance.
2. Ensuite les inviter à participer dans le groupe.
3. La phase suivante est l’initiation dans la maison de l’Amitié: trois jours par semaine les jeunes vont expérimenter une vie différente de celle qui se déroule dans la rue; ils ont droit aux soins d’hygiène personnelle, aux repas, à l’utilisation des services de santé, à la participation aux débats et aux assemblées. En retour, ils ont le devoir de participer aux activités et tâches ménagères de la maison.
Une fois passé le premier niveau, la proposition faite aux jeunes est de devenir membre du mouvement en participant à la formation et à l’apprentissage d’un métier. Les autres phases sont être membre du mouvement, vivre en dehors de la rue et donner une attention aux enfants et aux jeunes qui sont sortis de la rue.
Actuellement, MOJOCA travaille avec 500 jeunes de la rue et a des contacts réguliers avec presque tous. Ils sont accompagnés d’un groupe d’adultes, psychologues, enseignants et des travailleurs sociaux très motivés et sensibilisés à la problématique des jeunes de la rue. Depuis 1999, le MOJOCA est constitué en ASBL et est géré par les jeunes, eux-mêmes.
Au niveau du fonctionnement, MOJOCA a une Assemblée générale constituée par les jeunes de la rue ; une assemblée directive, un comité de gestion et neuf collectifs de travail (de la rue ; école de l’amitié ; maison du 8 mars ; maison des amis ; les Quetzalitas ; nouvelle génération ; les “mariposas” (papillons = les tout petits) ; la génération du changement ; les ateliers solidaires de boulangerie, cuisine, couture et menuiserie). Les adultes suivent le processus mais ne se substituent pas au rôle actif des jeunes.
MOJOCA offre des services d’alimentation, de santé, de suivi psychologique et juridique pour l’obtention des documents d’identité et certificats d’études. L’approche de l’organisation est appelée “l’amitié libératrice” car ils cherchent à renforcer les liens de solidarité déjà établis par les jeunes en les articulant à une démarche de formation participative et à l’apprentissage d’un métier. La méthode intègre l’approche de genre en donnant beaucoup d’importance à l’éducation des filles et des enfants. Cette méthode est améliorée chaque année sur base de l’expérience acquise, des évaluations, des recherches scientifiques et des échanges avec d’autres organisations.