Une femme et un homme assise devant un plateau de mais qu'ils décortiquent ensemble

04 Jan. 2024

Burundi : une approche égalitaire pour sortir de la pauvreté

Selon la Banque mondiale et le FMI, le Burundi est considéré comme le pays le plus pauvre du monde. Qu’est-ce qui explique cette situation dans un pays où l’agriculture emploie plus de 90% de la population active ? Selon la FAO, un des facteurs expliquant la pauvreté des paysans et paysannes réside dans les inégalités de genre. Portrait d’un de nos partenaires dans ce pays, ACORD, fer de lance de la méthode GALS.

ACORD Burundi est une organisation locale active depuis 1994 dans l’amélioration des conditions de vie des communautés paysannes. Partenaire d’Entraide et Fraternité dans le cadre du programme quinquennal 2022-2026, ACORD Burundi est responsable de promouvoir l’égalité de genre au sein des familles paysannes. Un combat essentiel dans un pays où les inégalités entre les femmes et les hommes renforcent la pauvreté.

ACORD Burundi utilise une méthode qui fait ses preuves depuis quelques années en Afrique dans la lutte contre les inégalités de genre : la méthode GALS (Gender Action Learning system – en français : le système d’apprentissage par l’action en matière de genre).

«Avant la méthode GALS, les revenus du ménage étaient gérés par mon mari. Il ne se souciait pas du développement de la famille. Il préférait vendre presque toute la récolte pour se procurer des boissons alcoolisées et fréquenter d’autres femmes alors que nous n’avions pas les moyens d’acheter le matériel scolaire nécessaire pour nos enfants. J’étais très en colère. Je n’arrivais plus à supporter ma vie.»
Calinie Ntakarutimana, paysanne

Cette méthode commence tout d’abord par l’identification des inégalités existantes au sein du ménage grâce à différents outils comme, par exemple, L’arbre de l’équilibre des genres. Celui-ci explore qui de l’homme ou de la femme s’occupe de chaque tâche agricole, qui bénéficie des revenus, qui décide de sa gestion, qui dépense le plus et pour quoi, etc.

pictogramme : une femme et un homme se tiennent par la main

150 ménages ont déjà développé leur plan de développement.

95 femmes attestent cogérer équitablement les exploitations agricoles familiales.

Réduction sensible des conflits familiaux.

La méthode accompagne ensuite le ménage à développer une vision commune des besoins vitaux qu’il souhaiterait combler au cours des trois prochaines années : moyens pour la scolarisation des enfants, maison en dur, extension des champs, etc. Ce « plan de développement » déconstruit les traditions inégalitaires et met en évidence l’importance de la participation de la femme pour atteindre les objectifs et améliorer les conditions de vie de toute la famille.

Depuis le début du programme quinquennal 2022-2026, ACORD a développé la méthode GALS dans la province de Rutana, située au sud-est du pays. Les résultats sont prometteurs. « Grâce à GALS, les récoltes ne sont plus vendues à mon insu. Mon mari ne prend plus de décisions sans me consulter. Nous décidons ensemble des dépenses. Nous avons, par exemple, acheté du bétail pour avoir du lait pour les enfants. Notre prochain objectif est de construire une maison en dur. Je suis apaisée aujourd’hui. Cette approche a transformé ma vie et celle de ma famille », explique ainsi Calinie Ntakarutimana, paysanne.

« Depuis l’utilisation de GALS dans la commune, les plaintes et les doléances concernant les conflits familiaux ont sensiblement diminué et tendent même à disparaître grâce au partage équitable des revenus et responsabilités dans les ménages », renchérit Onésime Nkengurutse, administrateur de la commune de Gitanga.

« Depuis que nous avons commencé à utiliser la méthode GALS, ma vision de ma femme a radicalement changé. J’étais souvent aveugle à ses efforts et je ne lui accordais pas la reconnaissance qu’elle méritait. J’ai réalisé combien ma femme est une partenaire précieuse dans notre quête commune de développement et de progrès familial. Je suis fier de sa force. »
Jérôme Ntibazonzika