Un homme face caméra
père Justin Ranaivomanana

Un paysan sans terre ni eau n’est pas un paysan !

A Madagascar, la Caritas d’Antsirabe construit, avec l’aide d’Entraide et Fraternité, des barrages pour permettre aux petits paysans et aux petites paysannes d’échapper à la famine et d’engranger des revenus.

Madagascar est un des pays les plus vulnérables face au dérèglement climatique : la famine qui a sévi sur la grande île en 2021 et 2022 est considérée comme la première famine de l’Histoire directement imputée aux effets du dérèglement climatique. « Nous les ressentons très fortement à Madagascar », dit le père Justin Ranaivomanana, un des partenaires de longue date d’Entraide et Fraternité dans le pays. « Par exemple, en octobre, il faut repiquer le riz, il est devenu très difficile, vu la faiblesse des précipitations, de prévoir les choses et d’exploiter les terres. C’est pourquoi la maîtrise de l’eau est plus que jamais un enjeu vital pour les communautés locales. La famine les guette si elles ne parviennent plus à produire. »

Directeur de la Caritas d’Antsirabe, dans le centre de Madagascar, le père Justin Ranaivomanana, est actuellement de passage en Belgique. Il en a profité pour venir remercier les donateurs d’Entraide et Fraternité et donc rappeler le caractère vital des infrastructures construites en faveur des communautés locales et de leur agriculture biologique. « Notre objectif est d’améliorer la vie de la population rurale et notamment des jeunes en difficulté dans ces zones. Notre message à ces jeunes agriculteurs et agricultrices est de leur apprendre à produire beaucoup et des produits de qualité. Pourquoi ? Parce qu’il faut produire beaucoup pour pouvoir, d’une part, manger et faire manger sa famille à sa faim, et, d’autre part, avoir des surplus qui permettent de générer des revenus grâce à leur vente. Les paysans et les paysannes n’ont pas d’autre revenu possible que celui de la vente ! C’est pourquoi nous avons également mis sur pied des magasins équitables où ils et elles peuvent vendre leur production. Nous les aidons aussi à faire leur comptabilité ou en rachetant leurs surplus – par exemple de pommes ou de manioc pour produire du jus ou de la farine. »

Mais, on l’a compris, tout cela ne peut se faire sans eau, un or bleu pour la petite agriculture familiale, rappelle le père Justin : « Un paysan sans eau pour cultiver sa terre n’est pas un paysan, tout simplement ! C’est pour cela que nous travaillons beaucoup sur l’accès à l’eau dans le cadre de la sécurité alimentaire et la sécurisation des terres. Nous avons construit des puits, des ponts et surtout des barrages. Avec ceux-ci, on peut régulariser le cycle hydro-agricole pour planter, irriguer. Il faut pouvoir maîtriser l’eau quand on veut avoir du rendement. Le riz, par exemple, est le centre de notre alimentation mais on ne peut se limiter au riz pour des raisons nutritives. »

Un barrage permet de d’irriguer de 20 ha à 40 ha, ce qui signifie alimenter une centaine de familles. « Les barrages sont vitaux car ils irriguent des surfaces bien plus importantes que les puits. Un puits, c’est idéal pour avoir un peu d’eau potable ou alimenter des jardins potagers. Mais, grâce aux barrages, ce sont des dizaines de familles qui peuvent vivre. Nous essayons de construire au moins un barrage par an selon les possibilités financières. L’an passé, nous en avons construit deux. »

La Caritas d’Antsirabe soutient aussi les petits paysans et les petites paysannes face à la question importante de l’accaparement des terres, par exemple en intervenant comme médiatrice entre les riches propriétaires souhaitant s’accaparer des terres et ces paysans et paysannes qui ont besoin de cultiver ces terres. « Un paysan sans terre n’est pas plus un paysan qu’un paysan sans eau ! »

# Accaparement de terres # Agriculture paysanne et familiale # Agroécologie # Droit à l’alimentation