Dessin d'un smartphone décomposé. Autour la liste des éléments chimiques des différents parties.
Jeu / Animation
Mis à jour le 09 Fév. 2024.

De la mine à mon GSM

Campagne de Carême Pistes de célébration enfants
Pistes de célébrations enfants 2024 - Activité 1
Public : Enfants / enseignement primaire

Ce carême nous pousse à nous questionner… Des personnes en RDC creusent pour trouver des minerais précieux qui sont vendus, transportés et utilisés pour fabriquer nos GMS, nos smartphones mais aussi en vue de notre transition écologique pour nos énergies renouvelables : panneaux solaires, voitures électriques …

Mais quels sont les impacts ? Quelles sont les conséquences ? Quelles sont les vraies solutions ?

Nous vous proposons une courte activité pour vous plonger dans les méandres de ces minerais, dans la vie de creuseurs et dans nos possibilités d’action. Car le carême, c’est aussi agir en faveur du plus pauvre en se mobilisant « politiquement ».

Mise en place : Répartir en sous-groupes et prévoir de multiplier le matériel.
Matériel à télécharger :

Durée : 1 heure

Déroulement

1 Visualiser

Par sous-groupes, demander aux participants de reconstituer les duos entre les sigles et les cartes des composants. On peut s’aider du tableau de Mendeleiev en demandant aux enfants d’aller trouver l’information sur celui-ci.

Poser ensuite la question : dans quel objet trouvet-on toutes ces matières premières en même temps ? La réponse étant dans nos smartphones.

Pour quelles parties du smartphone sont-elles utilisées ? L’animateur replace les différents composants sur l’affiche « smartphone décomposé. » Il peut aussi prendre l’un ou l’autre des composants et énoncer quel autre matériau s’y retrouve également (fiche usages)

Quelques chiffres

  • En moyenne, un Belge remplace son smartphone tous les 18 mois ;
  • En moyenne en Belgique, il y a 2,8 millions de smartphones vendus par an ;
  • En moyenne dans le monde, c’est 1,5 milliard de smartphones vendus par an ;
  • Chaque jour, 2,5 millions de smartphones sont jetés ;
  • Le recyclage est compliqué. On retrouve des minerais en quantité extrêmement fine, à l’état de trace et collés les uns aux autres. Le travail de recyclage couterait trop cher.

2 Comprendre

Mais d’où viennent ces matières premières, comment sont-elles extraites du sol et quel est leur parcours ?

Où et comment ?

Deux sortes de mines en RDC :

  • Mines artisanales
    • Dans lesquelles on travaille à la force humaine, sans quasi aucune mécanisation qui nécessite énormément de force et d’énergie.
    • Utilisation de matériel très précaire, pioche, pèle, botte et lampe frontale.
    • Insécurité et prise de risque constante.
  • Mines industrielles
    • Dans lesquelles on travaille avec l’aide de machines et de véhicules.
    • Utilisation de produits chimiques polluants pour les rivières et champs.
    • Peu de main d’oeuvre locale et d’emploi.
    • Énormément de corruption et accaparement de terres.
Parcours des minerais ?
  • Le mineur/ creuseur est un villageois chargé de l’extraction artisanale des ressources naturelles. Les femmes concassent, nettoient et transportent les minerais hors de la mine vers les bureaux des négociants.
  • Le négociant récolte et détermine le prix et le type de minerais achetés auprès des mineurs/creuseurs. Il expédie la marchandise vers les comptoirs d’achat.
  • Les comptoirs d’achat achètent la marchandise et la font transiter vers les comptoirs d’exportation. Ceux situés à Goma ou Bukavu sont les relais vers l’étranger.
  • Les acheteurs internationaux (fonderies ou entreprises de transformation) achètent une grande quantité de matières premières aux comptoirs d’exportation et transforment le minerai en métal. Le métal sera revendu aux entreprises chargées de sa transformation.
  • Les entreprises de télécommunication se procurent les minerais transformés en métaux et les expédient dans des entreprises de production à bas prix en Asie.
  • Les magasins commercialisent les produits fournis par les entreprises de communication.
  • Les consommateurs achètent leur GSM. Ils manquent souvent d’informations claires sur la provenance et la composition de ce dernier.
  • Le GSM a fait 4 fois le tour du monde avant d’être dans la main du consommateur.
Lire les témoignages recensés en juin 2023

« Mon nom est Axante Kashamba, Je suis creuseur. Je travaille ici à la Sominki depuis 5 ans. Mon rôle en tant que creuseur, c’est d’aller le plus loin possible en profondeur pour atteindre les minerais, ici nous allons à plus de 20 mètres de profond. Je sais que des éboulements peuvent arriver, nous pourrions aussi manquer d’air parce que nous creusons dans les trous, dans la roche, mais nous utilisons un compresseur pour éviter que cela n’arrive. Mais nous vivons dans la peur d’un accident.

On extrait entre 5 à 10 colis par jour par personne, pouvant aller jusqu’à 20 kilos. Ce que je gagne ici me permet de subvenir aux besoins du ménage et aux besoins de ma famille, principalement aux besoins alimentaires. La famille reste au village et moi je viens travailler ici. Certains passent la nuit ici sur le carré et d’autres rentrent à la maison.

Avant de travailler ici sur le site minier, je faisais l’agriculture. Quand je ne peux pas pratiquer l‘activité minière ici, je suis obligé de retourner à la maison pour faire l’activité agricole. Ma femme est restée au village et elle continue les activités agricoles. Je suis père de 6 enfants, les enfants sont avec leur maman. Travailler sur les carrés miniers est un travail pénible. Pour l’avenir de mes enfants, je souhaiterais qu’ils soient enseignants ou journalises. Je préfère que mes enfants ne fassent pas le même métier que moi.

Mon désir ce serait de trouver une bonne quantité de cassitérite, et gagner assez d’argent pour investir et me lancer dans une autre activité. Cela changerait ma vie. Si je pouvais changer d’activité, j’aimerais être un commerçant ou je ferais des transports. C’est mon désir à moi, même si d’autres personnes ici peuvent trouver des grandes quantités de minerais et qu’ils consomment ça abusivement. Ils retournent à la case départ ».

Maurice (creuseur)

« Il n’y pas de salaire fixe dans les carrés, on reçoit de l’argent en fonction de ce que l’on extrait. Il y a des propriétaires de trous, qui engagent des gens qui prennent le risque d’y entrer. Et à partir de là, ils sont payés en fonction de ce qu’ils ont ramené. Il y a le propriétaire de la mine (du carré) qui est congolais, puis il y a le propriétaire du trou. C’est le propriétaire du trou qui paye les creuseurs. En creusant, ils vont trouver du sable mélangé à l’or. L’or qu’ils vont en retirer, ils vont l’amener au patron, au propriétaire du trou, qui leur donne alors un petit salaire, ce salaire dépend de la quantité. S’ils ont eu 20 sacs de sable, le propriétaire du trou, appelé aussi PDG, va leur donner 2 sacs de sable. Même s’ils sont à 10 personnes ou 20 personnes, on leur donne 2 sacs ».

Visionner la courte vidéo

3 Se mobiliser

Pas réparables, difficilement recyclables, soumis à l’obsolescence programmée : tout nous pousse à remplacer trop vite nos smartphones et autres appareils électroniques. Et cela a de graves conséquences environnementales et humaines, dans les mines de République démocratique du Congo, par exemple. Le prix de l’extraction des métaux qui entrent dans la fabrication de nos téléphones, c’est le travail presque esclave d’hommes, de femmes et d’enfants, et une pollution durable de la terre et de l’eau.

Nous pouvons agir !

Comment ? Vivre sans smartphone ? Cela devient très difficile ! Par contre, nous pouvons exiger des appareils plus solides, réparables, qu’on puisse mettre à jour plus longtemps. C’est le bon moment, car

  • Une directive européenne sur l’obligation de réparabilité est en cours de procédure.
  • Le règlement européen sur les minerais stratégiques est en cours d’examen. Or, cette proposition européenne ne contient aucun objectif chiffré de réduction de la consommation de minerais au
    sein de l’UE.

Avec nous, faites du bruit et alertons sur ce qui est en train de se jouer, en récoltant nos vieux GSM et smartphones – ceux qui traînent dans nos tiroirs et dont on ne
sait que faire – et en les déposant au Parlement européen lors d’une action symbolique en présence de la presse. Proposons à nos communautés de participer à cette mobilisation pour mettre en lumière cet enjeu important et interpeller les décideurs. Plus d’info sur cette mobilisation