Un chemin bordé de plantations. Des pneus de voiture peints de couleurs vives et des bouteilles en plastique découpées servent de pots de fleurs.

Un engagement pour la justice sociale

L’Institut Bartolomé de La Casas
# jt218
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Depuis sa fondation en 1974, l’Institut Bartolomé de Las Casas (IBC) s’impose comme un acteur incontournable du développement social au Pérou. Cette institution, profondément ancrée dans la doctrine sociale de l’Église, poursuit une mission ambitieuse : promouvoir un développement intégral du pays en combinant dimension éthique et spirituelle.

La force de l’IBC réside dans son approche holistique qui entrelace habilement recherche, formation et communication. Au fil des années, l’institut a su développer une expertise reconnue dans l’accompagnement des transformations sociales.

L’École des leaders pour le développement Hugo Echegaray (EHE) constitue le programme phare de l’institut. Chaque année, plus d’une soixantaine de responsables associatifs y reçoivent une formation approfondie. Le programme, qui allie développement humain, spiritualité et éducation populaire, forge des leaders capables de porter le changement au sein de leurs communautés.

Conscient des mutations constantes de la société péruvienne, l’IBC fait preuve d’une remarquable capacité d’adaptation. Les contenus de formation évoluent régulièrement pour répondre aux enjeux tant nationaux que locaux. Cette flexibilité s’accompagne d’un engagement résolu en faveur de la diversité.

L’Institut accorde une attention toute particulière à l’inclusion des femmes, à l’engagement des jeunes et à la participation des communautés autochtones. Par cette approche à la fois enracinée dans des valeurs fortes et ouverte aux évolutions de la société, l’IBC poursuit son oeuvre de transformation sociale. Après près de cinquante ans d’existence, l’Institut continue de former des leaders hommes et femmes engagés, contribuant ainsi à façonner l’avenir du Pérou.

La théologie de la libération

Au coeur des années 1970, dans un Pérou marqué par la pauvreté et les inégalités sociales, le théologien Gustavo Gutiérrez pose les fondements d’une nouvelle approche théologique qui allait profondément marquer l’Amérique latine. Sa « Théologie de la libération », formalisée dans son ouvrage majeur de 1971, propose une lecture révolutionnaire des Évangiles à partir de la perspective des personnes pauvres et opprimées.

Pour Gutiérrez, la théologie ne peut se contenter d’être une réflexion abstraite sur Dieu. Elle doit partir de l’expérience concrète des personnes les plus démunies, de ce qu’il nomme « le cri des pauvres ». Cette approche novatrice bouleverse la théologie traditionnelle en affirmant que la libération spirituelle est indissociable de la libération sociale et économique.

« La pauvreté n’est pas une fatalité », affirme Gutiérrez. « Elle est une construction sociale contre laquelle nous devons lutter au nom même de l’Évangile. » Cette vision engagée de la foi chrétienne s’inspire directement de l’expérience pastorale du théologien dans les quartiers populaires de Lima. La pensée de Gutiérrez s’articule autour d’un concept central : l’option préférentielle pour les pauvres qui implique un engagement concret des chrétiens dans la lutte contre l’injustice sociale.

Malgré les controverses et les résistances qu’elle a pu susciter, notamment au Vatican dans les années 1980, la théologie de la libération selon Gutiérrez continue d’interpeller. À l’heure où les inégalités persistent dans le monde, sa lecture des Évangiles à partir des périphéries sociales trouve un écho renouvelé, notamment dans le magistère du pape François.

À Ayacucho, l’agroécologie urbaine dès l’école

Ayacucho est une ville moyenne (300.000 habitants et habitantes) entre la capitale, Lima, et celle de l’ancien Empire Inca, Cuzco. C’est aussi une des villes qui a le plus souffert de la guerre civile du Sentier lumineux, lequel a fait 70.000 décès et bien plus encore de disparus et disparues. C’est dans l’université de cette cité qu’a été fondé le mouvement de guérilla communiste. Le nombre d’enfants orphelins est énorme et la santé mentale des jeunes, déjà ébranlée par ces années de conflit (1980- 2000) et ses suites, a été particulièrement mise à mal par un confinement complet pour cause de Covid, provoquant décrochage social et scolaire.

C’est dans ce décor que l’Institut Bartolomé de Las Casas (expert en promotion de la paix et assumant l’héritage du « père » de la théologie de la libération, Gustavo Gutiérrez) soutient le projet du Centre Loyola. À l’école Abraham Valdelomar, le Centre Loyola a mis en place un plan pour faire face à ce qui est une priorité environnementale encore plus importante que chez nous : la réduction des déchets. Cela passe par la sensibilisation des élèves et la récupération de certains déchets. Les élèves entretiennent une petite terre où les pneus de récupération font office de bacs à plantes et à compost et où les bouteilles en plastique servent à faire pousser des plantes et à en récupérer l’eau. Ici, ce sont de jeunes promoteurs et promotrices en agroécologie qui ont encadré les enfants de l’école dans la création de leurs potagers et dans leurs expériences de compostage.

L’agroécologie peut jouer un rôle crucial au service d’enjeux sociaux importants

122 personnes ont pu être formées aux pratiques agroécologiques. Ces formations sont données par l’IBC et le Centre Loyola dans une perspective d’écologie intégrale dans la lignée de l’encyclique Laudato si’ du pape François, ce qui leur a permis de faire le lien avec le travail sur la paix, la violence dans cette région particulièrement éprouvée par le conflit armé. Cela fait des années qu’ils travaillent avec les publics les plus vulnérables et les moins pris en compte majoritairement d’origine indigène, sur la dimension collective, le quartier, l’école. Chemin faisant, cette dimension environnementale a coulé de source.