Portrait d'un homme
Xavier Nys

L’espérance ouvre une porte, même dans les impasses les plus sombres

Entretien
# jt218
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L’abbé Xavier Nys est doyen d’Ath. Il a accompagné un voyage d’immersion au Pérou, en juin 2024. Avec Olga Stenina, assistante paroissiale à Arlon, et Mathieu Huvelle, photographe, il est parti à la rencontre des associations partenaires d’Entraide et Fraternité. Il en revient bouleversé par la pugnacité des femmes et des enfants des bidonvilles péruviens qui créent des solutions durables à travers les crises qu’ils traversent.

Dans quel cadre avez-vous rejoint l’équipe d’Entraide et Fraternité au Pérou ?

Je suis prêtre et je connais Entraide et Fraternité depuis plusieurs années. Sensible aux questions de pauvreté et aux campagnes de Carême, j’avais déjà eu l’occasion de suivre leurs actions. Lorsqu’on m’a proposé de participer à ce voyage au Pérou, j’ai d’abord hésité : partir si loin, découvrir un pays inconnu, être confronté à des réalités difficiles… Mais aujourd’hui, je suis heureux d’être sorti de ma zone de confort !

Quel a été votre rôle sur place ?

Avant tout, être témoin. Rencontrer, écouter, voir. Nous avons beaucoup échangé avec les partenaires d’Entraide et Fraternité et les communautés locales. Dès notre arrivée à Lima, nous avons rencontré La Lombriz Feliz, une association qui transforme les déchets en compost grâce à des vers de terre. Leur approche m’a inspiré : à partir d’une situation de crise, ils créent des solutions durables.

Dans la ville de Cajamarca, située au nord-ouest du Pérou, nous avons rencontré l’association Chibolito qui accompagne les enfants et les jeunes vivant dans l’extrême pauvreté. Là, nous avons partagé des moments forts avec des mamans qui s’entraident sur l’éducation de leurs enfants. Elles ne se jugent pas, elles échangent leurs expériences et avancent ensemble.

Ce qui m’a marqué, c’est la patience et la persévérance nécessaires à ces projets. Ce que nous avons vu est le fruit de vingt ans de travail.

Que retenez-vous de cette expérience ?

 L’accueil. Dès notre arrivée, nous avons été reçus avec chaleur et reconnaissance. Pourtant, ce sont eux qui font tout le travail ! Entraide et Fraternité apporte un soutien financier, mais sur le terrain, ce sont les communautés qui portent le changement.

Ce qui m’a frappé, c’est leur capacité à lutter avec fierté. Là-bas, la vie est un combat : contre la pauvreté, la corruption, l’absence d’aide gouvernementale, la violence, les narcotrafiquants… Pourtant, ils ont choisi de se battre pour vivre, pas pour détruire.

L’image qui me revient est celle des quatre bougies. La première représente l’amour, mais elle s’éteint à cause des conflits. La deuxième est la foi, qui s’éteint à cause du matérialisme. La troisième est la paix, soufflée par les guerres. La quatrième, c’est l’espérance, et elle refuse de s’éteindre. Grâce à elle, toutes les autres peuvent être rallumées. L’espérance ouvre une porte, même dans les impasses les plus sombres.

Quel lien faites-vous entre cette expérience et le thème du Jubilé, l’espérance ?

L’Église en Belgique semble découragée. On entend souvent : « Il n’y a plus de chrétiens, plus de messes, les églises se vident… » Mais le projet du pape, c’est justement d’ouvrir une porte, de rappeler que l’espérance nous pousse à avancer. La vraie question est : que pouvons-nous faire, chacun, chacune, à partir de là où nous sommes ? C’est en écoutant les plus fragiles, en reconnaissant leur force, que nous trouvons un chemin d’espérance.

Lisez également les interviews de Mathieu Huvelle et d’Olga Stenina.