Ce mercredi 10 septembre 2025, un groupe d’une vingtaine de personnes s’est réuni à Mesvin pour une journée placée sous le signe du Jubilé solidaire. La maison diocésaine, bâtisse entourée d’un jardin boisé en périphérie de Mons, offre un cadre propice à la réflexion : salles de réunion, chapelle lumineuse, espace vert… Un espace privilégié pour alterner échanges, ateliers et temps de recueillement.
Dans le cadre de l’année jubilaire proclamée par le pape François sous le signe des pèlerins d’espérance, le diocèse de Tournai, Entraide & Fraternité, Action Vivre Ensemble et Caritas Hainaut ont organisé une journée consacrée aux solidarités face aux inégalités. Le thème central : la dette injuste, en écho à l’invitation du pape à « remettre les dettes des pays qui ne pourront jamais les rembourser », afin de préparer « la voie à la paix dans le monde, [en remédiant] aux causes profondes des injustices, [en apurant] les dettes injustes et insolvables » (n°16 de la bulle d’indiction du Jubilé ordinaire de l’année 2025).
En ouvrant la journée, Monseigneur Guy Harpigny, évêque du diocèse de Tournai, a rappelé le sens biblique du jubilé. Deux interventions ont ensuite marqué la matinée.
« La pauvreté est toujours un choix politique », a insisté Philippe Defeyt, économiste à l’Institut pour un Développement Durable. Dans un exposé interactif et entraînant, il a montré combien la définition de la pauvreté est dépendante des indicateurs retenus dans le temps et dans l’espace. Il a ainsi cité le seuil absolu (2$ par jour) adopté dans la tradition anglosaxonne, le revenu moyen, ou le revenu médian européen (1600 € nets par mois en Belgique aujourd’hui). Au-delà d’une acception centrée sur le revenu, il a souligné l’importance de prendre en compte les inégalités sociales, de patrimoine, culturelles et éducatives. « La pauvreté c’est avant tout manquer de certaines ressources et de capacités», a-t-il rappelé.
Josianne Gauthier, secrétaire générale de la CIDSE, a élargi le regard à la dette internationale et à la dette écologique. Elle a su rendre accessible une thématique complexe à travers de nombreux cas concrets : Selon elle, « Une personne endettée, comme un pays endetté, n’est pas libre de ses choix. (…) Comment investir dans son éducation, dans sa culture, dans ses loisirs, dans son écologie, si sa première priorité est de payer le prêteur ? » Josianne a montré comment les pays des Suds, fragilisés par l’histoire coloniale et l’exploitation de leurs ressources, restent prisonniers d’un système international qui reproduit les injustices. L’endettement de ces Etats affecte directement les droits humains fondamentaux : « le droit de s’épanouir, de vivre une vie digne, d’avoir accès à de la beauté, le droit de vivre avec de l’affection autour de nous, d’aller à l’école, d’avoir un système de santé qui soit respectueux, le droit à un environnement sain ». Avec un discours optimiste et mobilisateur, elle a conclu sur la nécessité d’actions collectives, nationales et internationales, mais aussi d’un changement de paradigme. « La joie est fondamentale à notre survie. Et ce qui est merveilleux avec la joie, c’est qu’elle se transmet ».
Les ateliers proposés aux participantes et participants dans l’après-midi ont permis d’explorer le thème par d’autres approches. Avec Etienne Mayan, autour de l’encyclique Laudato Si’, les échanges ont relié dette et écologie. Xavier Nys a proposé un moment créatif, à travers la réalisation de retables inspirés des traditions péruviennes. Un pèlerinage, sillonnant différentes pièces de la maison diocésaine et les cinq hectares de jardin, a offert aux fidèles un temps spirituel et méditatif.
La journée s’est achevée dans la chapelle, par un moment de prière collectif.
Une étape dans une réflexion plus large sur le Jubilé
Le 21 octobre prochain, une seconde rencontre, « Jubilé : Une année de libération pour tout le peuple », approfondira l’aspect théologique du Jubilé, avec une intervention du théologien Ignace Berten sur le thème « Disciple de Jésus dans un monde tourmenté ». Ensemble, ces deux journées veulent nourrir une dynamique plus large : encourager les prises de conscience, tant politiques que spirituelles, et ouvrir des pistes d’action concrètes pour bâtir une société plus juste.





