26 Sep. 2024.

La solidarité au cœur de l’école

Des enseignant·es engagé·es pour des élèves conscientisé·es

Pour la première fois, en juin 2024, nos élèves de 16 et 17 ans ont pu voter aux européennes. Si les chiffres de leur participation sont inconnus, autant que leur choix politique, nombre d’entre eux et elles ont dû s’interroger sur le sens de cet acte posé pour la première fois de leur vie.

Autour d’eux, autour d’elles, les réseaux sociaux et les « ingénieurs du chaos » relativisent tout, donnent la prime à l’apparence et aux discours simplistes, attisent les comportements extrêmes et encouragent le rejet de l’autre. Jamais sans doute n’a-t-il été aussi important, et aussi urgent, de promouvoir la paix, la non-violence, le respect, la solidarité.

À échelle de l’école, c’est ce que fait l’ECMS (éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire) qui, selon les réseaux d’enseignement, est proposée de manière transversale ou spécifique à ceux et celles qui porteront le monde de demain. Dans le cadre scolaire, Entraide et Fraternité vise à créer des temps et des lieux de dialogue, de partage, de ressourcement et de célébrations, où la réalité de terrain côtoie l’introspection et la spiritualité. Car ce qui compte avant tout, c’est d’éveiller les consciences pour faire de chaque jeune un citoyen, une citoyenne responsable.

Mais cette ECMS se fait aussi hors les murs : une expérience comme Move with Africa réussit le pari de la rencontre et de la solidarité mondiale par-delà les continents. Sans négliger le travail social contre la pauvreté chez nous. Une autre façon de faire de nos jeunes des acteurs et actrices du monde.

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Un lien direct avec le terrain Belge

Les enjeux de citoyenneté et de solidarité mondiales peuvent sembler extrêmement lointains pour des jeunes de la Belgique, a fortiori quand ils et elles sont eux-mêmes en proie à des difficultés matérielles ou scolaires. C’est pourquoi notre équipe a mis au point un programme destiné aux élèves du premier degré différencié.

Grande spécificité de cette proposition pédagogique : elle emmène directement les jeunes sur le terrain, au contact des associations soutenues par Action Vivre Ensemble, association-soeur d’Entraide et Fraternité dédiée à la lutte contre la pauvreté en Belgique. Ces associations font de l’insertion socio-professionnelle, de l’aide alimentaire, du soutien aux personnes les plus défavorisées, aux victimes de violences sexuelles, aux personnes sans papiers ou sans abri… De la sorte s’effectue naturellement le lien entre préoccupations du Sud et du Nord.

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Une conscientisation à la citoyenneté mondiale

Éduquer à la citoyenneté mondiale et solidaire, cela passe également par le questionnement sur de grands enjeux et grandes thématiques qui nous semblent parfois incompréhensibles. Par exemple, le caractère injuste et dangereux de la fabrication de nos smartphones à partir de ressources minières pillées et des droits humains bafoués.

Les élèves de 5e année de l’Institut St-Joseph de Welkenraedt, après avoir été conscientisés aux enjeux de l’exploitation des minerais nécessaires à leur fabrication, ont organisé une récolte de vieux GSM dans leur école. Cette récolte déposée à Entraide et Fraternité a été utilisée symboliquement lors d’une manifestation à Bruxelles qui voulait dénoncer l’impact de nos écrans sur les sols, les conflits armés, les conditions inhumaines de vie dans la province du Sud-Kivu en RD Congo.

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Des partenaires des pays appauvris comme interlocuteurs

Dès la fin des années soixante, Entraide et Fraternité a fait oeuvre de pionnière ! Alors que la plupart des ONG et des autres secteurs de la société ne se sont emparés de la question décoloniale que depuis quelques années, Entraide et Fraternité s’est placée dans une logique partenariale dès ses débuts. Les associations que nous soutenons dans les pays appauvris (RD Congo, Rwanda, Burundi, Brésil, Pérou, Guatemala, Nicaragua, Haïti, Philippines, Palestine) traitent avec nous d’égale à égale. Notre soutien est technique, financier, administratif mais ce sont nos partenaires qui décident quelles actions sont les plus pertinentes pour les populations avec lesquelles ils et elles travaillent.

Cette relation d’enrichissement mutuel est une des spécificités d’Entraide et Fraternité. Elle permet aussi d’apporter un véritable plus dans nos approches pédagogiques puisque, durant notre campagne annuelle de Carême de partage, ce sont des interlocuteurs et interlocutrices des pays appauvris qui interviennent en classe pour expliquer leur réalité de terrain et décrypter les relations Nord-Sud.

En 2024, Clément Bisimwa, Sylvain-Dominique Akilimali Bulambo et Charles Saidi, trois responsables d’associations partenaires d’Entraide et Fraternité en RD Congo, ont partagé avec plusieurs centaines de jeunes de la Fédération Wallonie-Bruxelles leur expérience de terrain, leurs objectifs de travail mais aussi leur témoignage de personnes engagées auprès des travailleurs et travailleuses de la mine ou des paysans et paysannes démunis et appauvris par les conflits armés dans la province du Sud-Kivu. Une campagne au thème percutant – L’impact de nos écrans, on y regarde de plus près ? – et des rencontres fortes qui ont donné aux élèves la conscience du lien qui existe entre leur smartphone et la réalité au Sud-Kivu.

Les écoles au cœur de la transition écologique et sociale

EXPÉRIENCE INSPIRANTE

Inspiré par l’encyclique Laudato si’ et grâce aux modules développés durant le projet Sauvons notre Maison commune, le Pôle Jeunes d’Entraide et Fraternité a poursuivi son action de formation et de mobilisation pour une transition écologique et sociale dans les écoles en Wallonie et à Bruxelles. Focus sur l’école du Sacré-Coeur de Lindthout, à Bruxelles, qui a fait preuve d’un dynamisme inspirant.

Tout débute en février 2024. Entraide et Fraternité organise une formation à la transition à destination des enseignant·es en Wallonie et à Bruxelles. Le module pédagogique Voyage au bout de la transition est présenté : pertinence d’une transition dans la société, projets inspirants menés précédemment par d’autres écoles, etc.

C’est le déclic pour Harmony Veithen. Après la formation, elle parvient à convaincre la direction de l’école du Sacré-Coeur de Lindthout de se lancer dans l’aventure.

Entourés de quatre autres enseignant·es contaminés par l’enthousiasme d’Harmony Veithen, les 210 élèves de neuf classes de 3e secondaire deviennent, le temps d’une année scolaire, les gardiens et gardiennes de « notre maison commune ». Ils vont vivre trois temps de découverte de la transition dont une rencontre avec des acteurs et actrices de la transition.

Trois étapes pour être sensibilisé·es aux injustices environnementales et sociales, pour comprendre, analyser, se questionner, se situer comme acteurs et actrices et, enfin, formuler des propositions concrètes. À l’issue de ces animations, les élèves ont écrit des lettres à la direction en proposant des idées de projets à mettre en oeuvre. La direction y répond positivement.

Premier projet : les couverts en plastique à la cantine sont remplacés par des couverts biodégradables. Deuxième projet : organiser une vente de vêtements de seconde main lors de la journée porte ouverte de l’école, le 12 avril 2024.). Mais cela ne s’arrête évidemment pas là ! La direction désire répondre au maximum d’idées des élèves. Le prochain chantier ? La gestion des déchets : promotion du réutilisable, création d’un compost dans le parc, etc. Une belle mobilisation pour sauver « notre maison commune ».

Envie, vous aussi, de faire vivre la transition dans votre école ?