Une paysanne pied nu portant un contenair de pesticides sur le dos en train de pulveriser un champs.
Nombre de pays du Sud utilisent des produits interdits en Europe.
© SOS Faim

Interdits ici. Exportés là-bas. Mortels partout

Avec SOS Faim, FIAN, Viva Salud, Îles de Paix et Broederlijk Delen, Entraide et Fraternité a publié sous le slogan Interdits ici. Exportés là-bas. Mortels partout un rapport accablant dans le cadre de la campagne Stop pesticides : depuis 10 ans, la Belgique a exporté plus de 5000 tonnes de produits toxiques et est le premier exportateur européen de néonicotinoïdes interdits.

La campagne de Carême 2023 nous l’a rappelé : si l’agrobusiness détruit la petite agriculture brésilienne et est nocif pour le climat, il l’est aussi pour la santé. Notamment en raison de l’usage de pesticides. Sous la présidence de Bolsonaro, plusieurs centaines de pesticides ont été libéralisés à la vente, mais cela s’est encore produit tout récemment, sous Lula. Une immense partie de ces pesticides sont toxiques et dangereux. Tellement que, même s’ils sont produits au sein de pays de l’Union européenne, l’usage de 207 d’entre eux est tout simplement banni dans nos pays. Ce qui n’empêche pas les consommateurs et consommatrices européens d’en être potentiellement victimes puisqu’une partie importante des exportations de bétail, de soja ou de céréales brésiliens est destinée à l’Europe : 74 pesticides dangereux et interdits dans l’UE ont été retrouvés dans nos fruits et légumes. L’impact dans un pays comme le Brésil, siège d’une part importante de la biodiversité mondiale, est alarmant pour l’ensemble de la planète et met à terme en péril la capacité de production alimentaire au niveau mondial.

L’enquête Public Eye-Unearthed (Greenpeace UK) montre qu’en 2018, les pays de l’UE ont approuvé l’exportation de 81.615 tonnes de pesticides contenant des substances bannies sur leur propre sol en raison de risques inacceptables pour la santé ou l’environnement. Le Royaume-Uni (sorti de l’UE depuis), l’Italie, les Pays-Bas, l’Allemagne, la France, la Belgique et l’Espagne couvraient plus de 90 % des volumes.

Comme le résume le rapport, ce commerce de substances actives toxiques fragilise la sécurité alimentaire et les capacités de résilience des systèmes alimentaires. Il renforce une concurrence déloyale entre agriculteurs et agricultrices et contribue à faire perdurer un modèle agricole basé sur les énergies fossiles, lequel perpétue une dépendance à un modèle d’agriculture de rente. Ce commerce est aussi contraire aux engagements internationaux de la Belgique et de l’Union européenne.

Aux Philippines, où Entraide et Fraternité soutient également des projets d’agroécologie, le carbendazime produit à Liège est vendu en accès libre sur internet et dans des magasins spécialisés. En 2018, Arysta en exportait 15 tonnes vers les Philippines, soit 30.000 litres de produit fini (Goldazim…). Le carbendazime entraîne des anomalies génétiques et nuit à la fertilité.

Plusieurs instruments juridiques imposent pourtant des obligations aux États étant donné l’énorme impact des pesticides sur la jouissance de plusieurs droits fondamentaux, en particulier les droits à la vie, à l’alimentation et à la nutrition, à la santé, à un environnement sain, les droits du travail, des groupes spécifiques particulièrement à risque, rappelle FIAN Belgium.

Les ONG parties au rapport demandent à la Belgique d’adopter une mesure permettant l’interdiction de l’exportation, applicable à l’ensemble des pays tiers, des substances actives interdites. Et à l’Europe d’élaborer pour l’année 2023 une stratégie en matière de produits chimiques contenant une mesure d’arrêt de l’exportation de substances actives interdites.

En savoir plus ?


Lisez le rapport sur les pesticides exportés par la Belgique : stop-pesticides.be

Et la note sur les violations des droits humains : fian.be/Pesticides-et-Droits-humains

# jt199