STOP à l'accord de commerce EU-Mercosur

Négociations avec le Mercosur dans la dernière ligne droite 

Il est encore temps de sauver l’agriculture européenne

Les semaines qui viennent sont cruciales : le traité de libre-échange entre l’Europe et le Mercosur pourrait être conclu d’ici la fin novembre. Négocié depuis le siècle dernier, cet accord est effectivement d’un autre temps. Il a tout faux en matière de santé, de climat, d’environnement et de vision de l’économie et de l’agriculture.

Ces derniers jours, la rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre : après 26 ans de négociations, le traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) serait sur le point d’aboutir. Dans les coulisses européennes, il se dit que l’annonce pourrait en être faite lors du prochain sommet du G20, les 18 et 19 novembre, à Rio justement. Il est donc encore temps de se mobiliser pour sauver les agriculteurs.trices européen.nes mais aussi, tout simplement, les consommateurs.trices européen.es !

De nouvelles mobilisations en vue

Résumons la situation politiquement : l’Allemagne et l’Italie, gros exportateurs de voitures vers ces pays, sont déterminés à aller jusqu’au bout. La France est dans une position ambiguë : la semaine dernière, au sommet européen de Bruxelles, le président Emmanuel Macron a estimé que l’accord était « inacceptable en l’état » en raison du non-respect des Accords de Paris sur le climat, de l’absence de protection de l’agriculture européenne et de l’absence de « clauses miroir » (des clauses environnementales, sanitaires ou de bien-être animal incluses dans les accords de commerce bilatéraux et qui conditionnent l’octroi d’un quota ou l’abaissement des droits de douane pour un produit donné). « En l’état » signifie que les choses pourraient évoluer et, d’ailleurs, Macron a rassuré le chancelier allemand Scholz en ce sens. On ne sait donc si la France s’y opposera in fine, ce qui rendrait difficile l’adoption du traité. De grosses compensations sont annoncées pour l’agriculture française via un fonds spécial mais les syndicats agricoles français rejettent cette idée : mardi 22 octobre, ils ont annoncé une mobilisation graduelle pour la mi-novembre. Une mobilisation qui ne manquerait de viser à paralyser Paris puis Bruxelles. L’agriculture wallonne est également en pointe sur le dossier. Comme pour le CETA, les Régions wallonne et bruxelloise y sont opposées mais, a priori, pas la Flandre. Résultat : la Belgique n’a aucune position officielle.

De toute façon, la stratégie de la Commission européenne relève du déni de démocratie : afin d’éviter la difficile ratification par tous les parlements européens, elle envisage de scinder cet accord en deux, ce qui ne nécessite plus cet accord législatif. De la sorte, le traité serait validé sans le vote des Parlements et donc sans l’assentiment des citoyen.nes que nous sommes.

« Des voitures contre du bœuf » : pourquoi cet accord est délirant

Dans l’attente d’une nouvelle mobilisation dans les semaines qui viennent, rappelons les raisons pour lesquelles cet accord « voitures contre bœufs » est, tant pour les Européen.nes que pour les Sud-Américain.es, inacceptable, non seulement sur le plan démocratique donc, mais aussi sur les plans de la santé, de l’environnement, du climat et de la défense de l’économie et de l’agriculture.

  • L’UE exporte massivement vers le Brésil des pesticides interdits sur son territoire (théoriquement, la Belgique ne l’autorise plus) tandis que les pays du Mercosur élèvent des bœufs avec des hormones interdites chez nous : alors que nos pays ont fait des efforts contre les pesticides et les hormones, ceux-ci reviendraient dans nos assiettes par le biais du Mercosur !
  • Cet accord est totalement anachronique en regard des préoccupations climatiques puisqu’il est basé sur la production à grande échelle de voitures, de viande, d’OGM, de pesticides et les échanges économiques longue distance ! Bienvenue au XXe siècle !
  • Des écosystèmes comme le Cerrado ou l’Amazonie, au Brésil, sont sous pression : chaque année, des milliers de km2 de ces poumons verts sont détruits par l’agro-industrie au profit du soja destiné à … l’alimentation animale. Cette déforestation dramatique pour la biodiversité n’a d’autre but que d’enrichir les multinationales de l’agrobusiness. En favorisant l’exportation de bœuf, l’accord aurait pour effet d’accélérer la déforestation selon un rapport gouvernemental français (de 5% à 25% de plus par an).
  • L’accord avec le Mercosur est une aberration économique autant que climatique : les agriculteurs.trices belges qui produisent du bœuf dans des conditions qualitatives et peinent à s’en sortir subiraient de plein fouet la concurrence déloyale de bœufs aux hormones transportés en cargo depuis l’autre bout de la planète (rappel : le fret maritime est l’un des plus grands émetteurs de CO2) ! Et cela pour que Volkswagen vende ses voitures au Brésil !  Ce qui, du reste, ne ferait que rendre l’industrie sud-américaine toujours plus dépendante d’une vision du monde néo-coloniale, la maintenant dans une vision où les pays du Mercosur sont spécialisés dans l’exportation de produits agricoles peu transformés vers l’UE, tandis que l’UE exporte essentiellement des produits à plus forte valeur ajoutée vers le Mercosur.
  • On pourrait penser que cet accord serait favorable à la population de ces pays voire à sa petite agriculture familiale, que nous soutenons. Or, c’est exactement le contraire. La production agroindustrielle est quasi-exclusivement dédiée à l’exportation vers l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie. Au Brésil, l’essentiel de la consommation locale est garanti par la petite agriculture locale et familiale. Et celle-ci est d’autant plus sous pression que ses zones de production sont détruites ou accaparées au profit de l’agroindustrie. Des accaparements qui se font sans le moindre respect des droits humains : au Brésil, les assassinats de militants pour l’environnement et les droits humains sont monnaie courante, et les paysan.nes sans terre qui occupent des terres non-exploitées sont criminalisé·es.
# Stop à l’Accord UE-Mercosur