5 Philippins a l'extérieur tenant une affiche "We support farmer claim for right to lands"

Les défenseurs et défenseuses des droits humains menacés

# jt221
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Ces 10 dernières années, plus de 3.000 défenseurs et défenseuses des droits humains ont été assassinés dans le monde. Près de trois quarts d’entre eux et elles défendaient le droit à la terre et l’environnement, souvent en opposition à des projets soutenus par l’État. Celles et ceux qui ne sont pas assassinés sont victimes de multiples actes d’intimidation : détention arbitraire, menaces de mort, surveillance, etc.

Face à cette situation, Entraide et Fraternité a lancé en 2020 un Fonds criminalisation. Son objectif ? Fournir une aide aux partenaires et aux communautés locales qui sont victimes
d’attaques alors qu’ils militent pour le respect de leurs droits.

Soutenir les paysans et paysannes de San Pablo

Le Fonds criminalisation soutient actuellement la communauté paysanne de San Pablo face aux pressions de riches anciens propriétaires fonciers : harcèlement, menaces et multiples recours juridiques afin d’empêcher les paysans et paysannes de cultiver la terre qui leur a pourtant été attribuée dans le cadre de la réforme agraire. Les pressions se sont renforcées il y a quelques semaines suite à une journée d’occupation pacifique des terres par les paysans et paysannes.

« Nous souffrons. Ce sont les anciens propriétaires fonciers qui récoltent et tirent profit de nos terres. Nous avons l’impression que nos droits ne signifient rien. » Robinson, paysan.

« Malgré l’obtention des titres fonciers, nous n’avons jamais pu nous installer sur les terres qui nous ont été promises. La police, sous l’influence des familles riches, nous bloque l’accès à notre propre terre. » Ronnie Carcosia, paysan.

Cette situation plonge les paysans et paysannes de San Pablo – dont la terre constitue leur seul moyen de subsistance – dans la faim et la pauvreté.

« On nous dit d’attendre la décision définitive de la justice parce que les anciens propriétaires ont encore déposé un recours. Sommes-nous censés attendre 15 ans ? D’ici là, nous serons peut-être déjà morts et nos enfants n’auront plus rien. Nous avons faim. » Alice, tristement décédée il y a quelques semaines.

Accéder à sa terre, un crime ?


Les Philippines constituent le pays où la répartition des terres est la plus inégale d’Asie du Sud-Est. La réforme agraire lancée par les autorités afin de lutter contre la pauvreté rurale a pourtant permis à des millions de paysans et paysannes sans terre d’obtenir un titre de propriété. Mais nombre d’entre eux et elles n’ont jamais pu s’installer sur la terre qui leur a été attribuée !

« La réforme agraire était censée être synonyme de justice. Au lieu de cela, elle n’est que frustration. » Ronnie Carcosia

Soutien du Fonds aux paysans et paysannes de San Pablo

  • Soutien juridique : frais de justice pour faire face aux recours déposés par les anciens propriétaires fonciers
  • Soutien psychosocial afin de faire face au harcèlement et aux menaces
  • Mobilisation communautaire afin de faire pression sur les autorités locales

Le personnel de LAHRA directement menacé

Le Fonds criminalisation a également permis de protéger le personnel de LAHRA (Alliance des défenseurs des droits de l’homme de Lanao), partenaire local d’Entraide et Fraternité.

Le personnel a été victime de nombreuses pressions de la part des forces de l’ordre locales : surveillance, intrusions illégales dans les bureaux, détention arbitraire, menaces de mort, etc. Leur tort ? Avoir critiqué le gouvernement philippin pour leur campagne qui consistait à étiqueter de « communistes » ou de « terroristes » toutes les personnes qui défendaient les droits humains

Grâce à l’appui du Fonds criminalisation , LAHRA a pu :

  • installer des caméras de surveillance au sein et aux abords des bureaux (les caméras ont eu un effet dissuasif. Elles ont permis de réduire la surveillance et de mettre un terme aux intrusions).
  • fournir un soutien psychosocial. Des ateliers ont permis au personnel de mieux faire face au stress et aux pressions.
  • former le personnel à la sécurité numérique : mise en place d’une messagerie sécurisée, stockage des documents sur des supports sécurisés, etc.

« Le Fonds a été essentiel. Sans lui, le personnel n’aurait pas résisté à cette période de pressions. »Adona Orquillas, vice présidente de LAHRA

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Programme 2022-2026 : des résultats probants

Entraide et Fraternité mène depuis trois ans et demi un programme quinquennal (2022-2026) qui a pour objectif d’assurer la sécurité et la souveraineté alimentaires de quelque 1.785 familles paysannes et de pêcheurs grâce au développement d’une agriculture et d’une pêche locale, rentable et durable. Entraide et Fraternité soutient cinq organisations locales sur l’île de Mindanao afin d’atteindre cet objectif : CONZARRD, LAFCCOD, KILOSKA, AGRO-ECO et SUMPAY.

Les principaux objectifs

  • 1.209 familles paysannes et de pêcheurs augmentent leurs revenus annuels d’au moins 10 %
  • 45 organisations paysannes et de pêcheurs réduisent leur vulnérabilité face aux catastrophes climatiques
  • 76 organisations paysannes et de pêcheurs sont soutenues de manière durable par les autorités

Les résultats jusqu’ici

  • 1.050 familles paysannes et de pêcheurs ont déjà augmenté leurs revenus annuels d’au moins 10%
  • 55 organisations paysannes et de pêcheurs ont déjà mis en place les mesures nécessaires de prévention et d’adaptation aux catastrophes climatiques
  • 71 organisations paysannes et de pêcheurs ont obtenu des aides financières de la part des autorités