

Le Comité pour l’Autopromotion à la Base (anciennement comité ANTI-BWAKI) rayonne dans 318 villages du Sud-Kivu.
Ses activités de soutien à l’agriculture familiale se déploient au sein de 22 comités de développement, 16 groupes de femmes, 30 associations de producteurs et parmi 10 000 écoliers autour de Bukavu et dans ses bidonvilles. Un programme de développement rural qui permet de toucher 400 000 habitants dans une région où huit ménages sur dix vivent dans la pauvreté.
Ghislaine travaille dans l’agriculture comme la majorité de la population du Sud-Kivu. Mais les revenus qu’elle en tire sont insignifiants. Sa parcelle est trop petite, ses outils agricoles peu performants, les semences de qualité médiocre. Faute de pouvoir transformer les fruits et les légumes, ils pourrissent sur place.
Elle a formé un petit groupe avec des gens de son village et, ensemble, ils sont allés demander de l’aide au C.A.B., une organisation non gouvernementale locale qui accompagne dans leurs efforts de développement les villageois suivant le principe d’autopromotion.
Chaque groupe signe une convention très pointilleuse qui régit et encadre les activités et la gestion de son comité de développement. Des vulgarisateurs sont désignés au sein de chaque groupe, ils reçoivent une prime et sont encadrés par des animateurs salariés du C.A.B.. Ensuite, à leur tour, ils iront dispenser leurs précieux savoirs au sein de leur comité. C’est ainsi que Ghislaine cultive une autre variété de sorgho que celle qu’elle avait l’habitude de semer. « Celui-ci arrive à maturité en seulement trois mois au lieu de cinq avant, je peux le cultiver quatre fois par an au lieu de deux. Cela nous permet de manger à notre faim. Nous l’utilisons aussi pour fermenter notre boisson locale », argumente Ghislaine.
Les demandes des villageois au C.A.B. affluent sans cesse, portées par les réussites exemplaires des ménages qui suivent les conseils des vulgarisateurs. « Nous voulons voir vivre notre village », disent-ils et telle est leur principale motivation.
Cultiver et puis transformer
Comme Ghislaine, Louis a introduit lui aussi une demande auprès du C.A.B.. « Je suis membre du Comité de Développement de l’union des éleveurs et agriculteurs de Mudaka, dans le territoire de Kabare, explique-t-il. J’achète de la canne à sucre à mes voisins pour produire du vin. Je le vends à des restaurants de Bukavu. Je cultive aussi des légumes. Je voudrais pouvoir fabriquer du sucre artisanal à partir de la canne. Mais d’abord, je dois maîtriser complètement la production et la transformation de la canne à sucre ».
Louis a d’abord suivi une formation de micro-entrepreneur dispensée par le C.A.B.. Il y a appris à gérer une petite entreprise, son temps de travail, ses ressources financières et humaines mais aussi à tenir une petite comptabilité, obtenir un crédit et commercialiser ses produits.
Ses ventes se sont envolées et, ne pouvant plus les assurer tout seul, il a engagé et formé d’autres personnes. Huit unités de production produisent ce vin. Mais Louis et son comité de développement ont d’autres projets : « Nous allons aussi travailler à la transformation des déchets de canne à sucre pour produire des engrais biologiques et fertiliser nos champs. Nous pensons aussi faire des briquettes fabriquées à base de canne à sucre. Ces briquettes serviront pour le chauffage dans les ménages. Cela permettra de ne plus déboiser les collines ».
Ghislaine, Louis et les villageois du Sud-Kivu sont les maillons nécessaires à l’émergence d’une industrie agro-alimentaire locale qui profiterait avant tout aux paysans. Ce sont eux qui devraient être au centre des politiques de l’Etat. « Mais, comme le souligne Louis, l’Etat ne nous aide pas à transformer nos produits. Pourtant, c’est cela qui fournit de l’emploi. Comme il ne le fait pas, ce sont les organisations non gouvernementales comme le C.A.B. qui le font ».
Des activités de production agricole
22 banques de semences vivrières et 17 banques de semences maraîchères sont opérationnelles et comptent 2713 membres. Plus de 150 séances de vulgarisation aux techniques d’intensification agropastorale dans les ménages ont été dispensées et l’accès aux engrais a été facilité par la mise en place de services de proximité. Le C.A.B. assure des formations sur la gestion d’une exploitation familiale, appuie la gestion des récoltes, organise des foires agricoles de sensibilisation, vulgarise les textes réglementaires et assure le monitoring des violations des droits des paysans.
Le C.A.B. le sait mieux que quiconque, pour lutter efficacement contre la faim, ce sont les paysans qu’il faut soutenir, pas les grosses entreprises transnationales.
Soutenu dans le cadre du programme DGD d’Entraide et Fraternité.