En RD Congo, Entraide et Fraternité soutient depuis un peu plus d’un an et demi le Comité pour l’autopromotion à la base (CAB) dans le renforcement de la lutte des paysans et paysannes contre la déforestation qui détériore le pays et leurs conditions de vie. Cette déforestation massive s’observe partout au Sud-Kivu, où les vastes collines sont de plus en plus nues.
Au Sud-Kivu, comme partout en RDC, les communautés locales vivent principalement de l’agriculture. Or, le déboisement intensif constitue un véritable danger pour leur sécurité alimentaire ! Les champs sont moins protégés face aux fortes pluies, aux vents violents ou encore aux périodes de sécheresse qui ne cessent de s’accentuer en raison du dérèglement climatique.
« Notre production a chuté. Les pluies et les vents détruisent de plus en plus facilement nos cultures depuis que les boisements ont disparu. Sans les arbres, nous ne pouvons pas manger à notre faim. »
Zihalirwa Mukundu Ildephonse, paysan
Sur place, le CAB accompagne 2000 familles paysannes, membres de six coopératives agricoles, à reboiser 500 hectares de terrain.
De nombreuses sensibilisations aux conséquences de la déforestation et l’importance des arbres ont été organisées par le CAB afin de susciter la mobilisation des communautés paysannes. Le CAB a pu compter sur un soutien important des autorités, et notamment la participation de l’archevêque de Bukavu.Le CAB a ensuite appuyé les paysans et paysannes pour l’aménagement de pépinières et leur gestion. Ces pépinières produisent des milliers de plantules qui sont ensuite replantées par les communautés. Les paysans et paysannes ont jusqu’ici planté des arbres fruitiers (orangers, mandariniers, papayers, etc.) et des arbres mellifères dans les champs ainsi qu’à la lisière des parcelles. Les essences forestières ont été utilisées pour reboiser les collines non adaptées à l’agriculture.
Des résultats prometteurs
1500 familles paysannes
sur les 2000 ciblées
déjà mobilisées
38 pépinières
mises en place
348 hectares de
terres protégées
557.215 plantules
d’arbres plantés
« Les progrès sont importants mais les besoins restent énormes. Il y encore beaucoup de collines qui sont vides. »
Murefu Katulanya Euprem, paysan
Si planter des arbres permet de protéger les champs des phénomènes climatiques, le type d’arbres choisi permet de générer d’autres opportunités. Les arbres fruitiers permettent aux paysans et paysannes de développer des activités génératrices de revenus à partir des fruits récoltés. Le CAB accompagne dans ce cadre les communautés paysannes dans la transformation des fruits en jus (ananas, maracuja, mangue, etc.) ou en confitures. Il les appuie également dans la création de circuits courts de vente. Les résultats sont encourageants : plusieurs groupes ont installé un point de vente au sein des marchés locaux ou même au sein de centres commerciaux.
Les arbres mellifères permettent, quant à eux, de développer l’apiculture, secteur qui fait face à de grandes difficultés dans la région. « Nos rendements ont fortement baissé car les arbres mellifères qui favorisent la prolifération des abeilles ont été abattus de manière excessive. Il y a aujourd’hui beaucoup moins d’abeilles. Grâce au soutien du CAB, nous sommes confiants pour le futur de notre métier », enchaîne Emmanuel Mwandaza, apiculteur.
Les paysans et paysannes peuvent, enfin, après quelques années, vendre certains arbres à croissance rapide comme l’eucalyptus. « Par le passé, avec le soutien du CAB, j’ai pu planter sur trois hectares des eucalyptus. Je les ai vendus et cela m’a rapporté une grande somme. Cet argent m’a permis de payer les frais académiques universitaires de mes enfants. Nous avons ainsi compris que les arbres protégeaient nos cultures et que nous pouvions en même temps gagner de l’argent grâce à eux », conclut Zihalirwa Mukundu Ildephonse.
Un enfant, un arbre
Le CAB a mené une campagne intitulée « Un enfant, un arbre » dans quatre écoles afin de sensibiliser les plus jeunes. Une campagne qui a suscité un vif intérêt de la part des élèves congolais·es ! Outre la plantation d’arbres fruitiers sur les sites des écoles afin de produire des fruits pour la cantine scolaire, les élèves ont également planté des arbres dans leur champ familial.
Nos victoires contre l’injustice
L’émancipation des femmes grâce à l’alphabétisation
Le faible niveau d’alphabétisation des femmes paysannes dans les communautés rurales du Sud- Kivu freine considérablement leur émancipation sociale et économique. Celles-ci peinent à obtenir des postes à responsabilité dans les coopératives agricoles, ou bien elles ne parviennent pas à maîtriser les outils de gestion indispensables pour lancer et gérer des activités génératrices de revenus. Face à ce constat, l’APEF, partenaire d’Entraide et Fraternité, a mis en place des cercles d’alphabétisation. 50 femmes viennent de réussir avec succès le premier cycle de formation. L’APEF prévoit de mettre en place d’autres cercles d’alphabétisation afin de renforcer la lutte contre cette inégalité de genre.