Quel que soit le continent où ils travaillent avec les communautés paysannes, les partenaires Sud et Nord d’Entraide et Fraternité s’accordent à dire que la terre sous tous ses aspects – son accès, son contrôle, sa protection, sa représentation symbolique – reste un des enjeux politiques essentiels dans la perspective mondiale de la souveraineté alimentaire.
Pour cette raison, Entraide et Fraternité et ses partenaires Sud développent actuellement un travail de recherche et de plaidoyer sur ce thème central. Cette analyse rappelle l’ampleur du phénomène des accaparements des terres et ses impacts sur l’agriculture paysanne et la sécurité alimentaire.
La terre est la base physique, matérielle et symbolique dont l’accès est indispensable à la souveraineté alimentaire. La terre apporte sécurité, logement, revenus et nourriture aux populations. Elle est le substrat sur lequel se fonde nos racines physiques et culturelles, le lien entre les ancêtres et les générations futures. Que se passe-t-il alors quand elle est transformée en marchandise pour satisfaire l’avidité des spéculateurs et investisseurs de tout poil ? Que se passe-t-il quand les paysans, ceux qui nourrissent le monde, n’y ont plus accès ?
Certes, dans tous les pays, il existe des droits « fonciers » formels et légaux ou traditionnels et coutumiers. Ils désignent les droits d’accès, d’usage, de contrôle et de transfert des terrains ainsi que des ressources qui s’y trouvent2. Or, ces droits fonciers sont souvent fragiles. Ils ne sont pas considérés comme un droit humain au niveau international. La fragilité de ces droits se répercute sur les catégories les plus vulnérables de la société qui dépendent de la terre et cause des injustices partout dans le monde, en plus de mettre à mal la sécurité et la souveraineté alimentaire d’une part grandissante de la population mondiale.