Juste Terre ! n°201
« Dans un premier temps, le médical prend en charge l’aspect physique. Dans un second temps, il faut proposer une aide psychologique car les victimes sont profondément traumatisées. Lorsque psychologiquement, elles ont récupéré, c’est très difficile de réinsérer ces femmes dans la société. »
Si ces propos peuvent concerner ces 8 femmes sur 10 et 1 homme sur 2 qui ont déjà subi des violences sexuelles en Belgique, ils sont bien de Denis Mukwege1, le prix Nobel de la Paix qui prend en charge nombre de ces milliers de femmes victimes de violences sexuelles au Sud-Kivu.
Rien de commun pourtant entre la résurgence des violences, des massacres de civils, des viols aussi, dans l’est de la RD Congo et la réalité sociale de notre pays. Au fil de ce numéro, on se souviendra, évoquant les horreurs au Nord et Sud-Kivu, que la région avait été qualifiée de « capitale mondiale du viol » par la représentante de l’ONU, Margot Wallström. Puis, en allant à la rencontre des femmes qui portent l’asbl Brise le silence, on s’interrogera sur la façon dont notre société de l’urgence a encore du mal à appréhender le travail de détraumatisation quand il intervient des décennies après les faits.
De Bukavu à Mons, pourtant, un même constat face à la plus traumatisante des violations des droits humains : la reconstruction est aussi un outil d’insertion ou de réinsertion sociale. À ce titre aussi, elle doit occuper un rôle prépondérant dans notre combat pour la justice sociale. Au Nord comme au Sud.