Le pape François a fait de la dette des pays du Sud un des axes forts du Jubilé 2025. Jean Paul II l’avait remis au goût du jour en 2000 avec d’importantes annulations de dettes à la clé. Moins médiatisée, la crise de la dette actuelle n’en est pas moins grave. Elle empêche aujourd’hui nombre de pays de répondre aux besoins de leur population.
Aujourd’hui passée complètement sous les radars médiatiques et politiques, la crise de la dette des pays pauvres fait rage. Parmi eux, 19 consacrent plus d’argent à rembourser leur dette qu’à l’éducation et 45 consacrent plus de moyens à rembourser leurs créanciers qu’à la santé de leurs concitoyens et concitoyennes. Cette situation n’est plus tenable mais la complexité des mécanismes rend les réformes difficiles. De plus, la nature même des créanciers évolue. Autrefois, les pays occidentaux étaient les principaux débiteurs des pays du Sud. Désormais, ce sont des autocraties comme la Chine ou des créanciers privés (banques, assurances, fonds de pension…) qui possèdent la majeure partie de la dette des pays du Sud. Et elles sont nettement moins enclines à « consentir » des réformes de la dette que nos pays
Si, depuis 2000, le Saint-Siège investit ce terrain, c’est pour des raisons morales. Dans la tradition biblique, le Jubilé renvoie au fait que, tous les cinquante ans, on devait rendre leur liberté aux esclaves, redistribuer la propriété et donner à la terre une année de repos en la laissant en jachère. Dans ce cadre, il ne s’agit pas seulement d’effacer les dettes, mais d’améliorer les conditions qui amènent les pays pauvres à s’endetter. L’endettement des pays pauvres requiert des solutions internationales.
Depuis lors, la question du dérèglement climatique a considérablement aggravé la situation, les besoins et les défis, spécialement des pays pauvres. « Tout est lié », a rappelé le
pape François dans Laudato Si’, encyclique dont le 10e anniversaire, le 24 mai, sera un des temps forts du Jubilé. Dans cette logique, « la dette écologique et la dette financière sont les deux faces d’une même pièce. » Ce sont les pays du Nord qui ont épuisé les ressources des pays du Sud et ceux-ci ont besoin d’un allègement de leurs obligations financières pour pouvoir prendre des mesures qui permettent à leur population de s’adapter au dérèglement climatique. Il est donc absolument indispensable de mettre fin à la crise de la dette actuelle et de mettre en place un cadre multilatéral au niveau mondial. C’est le sens de la pétition que nous vous proposons de signer !
Face à la dette, choisissons l’espérance
Signez notre pétition « Transformer la dette en espoir »
Sur le site annulerladette.be, vous pouvez signer la pétition mondiale lancée par Caritas International. Elle demande aux dirigeants du monde entier
- de mettre fin à la crise de la dette maintenant en annulant et en remédiant aux dettes injustes et insoutenables, sans conditions de politique économique
- d’empêcher que les crises de la dette se reproduisent en s’attaquant à leurs causes profondes, en réformant le système financier mondial pour donner la priorité aux personnes et à la planète
- d’établir un cadre permanent, transparent, contraignant et global de la dette au sein des Nations unies.
La dette extérieure est devenue un instrument de contrôle par lequel certains gouvernements et institutions financières privées des pays les plus riches n’hésitent pas à exploiter, sans discernement, les ressources humaines et naturelles des pays les plus pauvres, afin de satisfaire les besoins de leurs propres marchés. […]
Message du pape François pour la Journée mondiale de la paix, le 1er janvier 2025
Dette écologique et dette extérieure sont les deux faces d’une même médaille, de cette logique d’exploitation qui culmine dans la crise de la dette.
Ce qu’il faut savoir sur la crise de la dette
1. La crise actuelle de la dette est mondiale
Plus de 100 pays sont aujourd’hui confrontés à une crise de la dette et 60 % de leurs dettes sont détenus par des créanciers privés, ce qui rend la résolution de la dette plus complexe.
2. Le surendettement menace le développement
Le FMI et la Banque mondiale estiment que 60 % des pays à faible revenu sont au point ou proches du « surendettement », c’est-à-dire qu’ils ne peuvent plus faire face à leurs obligations de remboursement.
3. Le coût de la dette dépasse les dépenses essentielles
48, c’est le nombre stupéfiant de pays en développement dépensant plus pour le paiement des intérêts de la dette que pour la santé ou l’éducation, ce qui ne fait qu’aggraver les inégalités et la pauvreté.
4. La dette au détriment de la santé et de l’éducation
Plus de 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays où les gouvernements consacrent plus d’argent au remboursement de la dette qu’aux services essentiels tels que la santé ou
l’éducation.
5. Les pays riches alimentent l’accumulation de la dette
Plus de 80 % de la nouvelle dette mondiale en 2023 provient de pays riches comme les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et la France. Pendant ce temps, les pays en développement peinent à gérer le fardeau de leur dette.
6. Le coût de l’emprunt est injuste et insoutenable
Les pays en développement sont confrontés à des taux d’intérêt de 2 à 12 fois supérieurs à ceux des pays riches, ce qui les enferme dans un cycle d’endettement.
7. Les dettes augmentent
À la suite des prêts prédateurs, des effets économiques de la pandémie et de l‘inflation mondiale, les pays sont plus endettés que jamais.





