Un groupe de manifestants vu de haut

Alerte rouge sur la coopération au développement ?

En Belgique, comme un peu partout en Europe, la reconfiguration du paysage politique dans le sens d’une droitisation a pour effet la remise en cause des politiques de solidarité. Des coupes budgétaires importantes dans la Coopération au développement sont sur la table des négociations de l’Arizona. Entraide et Fraternité résume les enjeux dans un texte d’analyse intitulé Alerte rouge sur la coopération ? (nov. 2024).

On prête au futur gouvernement belge l’intention de réduire de moitié le budget de la Coopération au développement alors que ses résultats sont appréciables et que la Belgique est bien loin de ses objectifs chiffrés en la matière. Les organisations non gouvernementales (ONG) – dont Entraide et Fraternité – se sont mobilisées pour que les partis de la future coalition Arizona n’abandonnent pas la solidarité internationale. Le message de notre secteur : « Investir dans la Coopération internationale est la seule solution pour construire notre avenir commun. »

Nos revendications

Les ONG plaident pour maintenir et augmenter les investissements dans la Coopération internationale. Actuellement, la Belgique consacre à peine 0,4% de son revenu national brut (RNB) à l’Aide publique au développement (APD) alors que l’engagement européen est de 0,7%. Les ONG, à travers leur campagne « 0,7%, c’est maintenant ! », soulignent l’importance cruciale de cet investissement.

Les enjeux internationaux et nationaux sont interconnectés. Les crises mondiales comme les guerres, le changement climatique ou les pandémies ont des répercussions directes sur l’économie et la vie quotidienne des pays dits développés. Inversement, les politiques nationales impactent significativement les pays en développement. Par exemple, les efforts de réduction des émissions de carbone en Belgique peuvent influencer des phénomènes comme les sécheresses, les incendies de forêt et les famines à l’international.

Le secteur demande que l’investissement dans la coopération au développement soit un choix politique stratégique, basé sur une vision à long terme et respectant les engagements internationaux de la Belgique. Il insiste sur la qualité et l’efficacité du travail mené sur le terrain par les acteurs belges tant gouvernementaux que non gouvernementaux.

Le second point concerne la menace de défédéralisation de la Coopération au développement. Le projet dit de l’« Arizona », porté par Bart De Wever, envisage de transférer les compétences de la Direction générale du Développement (DGD) des autorités fédérales vers les entités régionales.

Cette proposition s’inscrit dans une tendance historique belge de résoudre les problèmes politiques par des transferts de compétences. Pour les nationalistes flamands, cela permettrait à la fois de dégager des moyens financiers pour le fédéral et de renforcer le pouvoir régional, selon le principe « Ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux ».

Juridiquement, ce projet se heurterait à des obstacles constitutionnels. La Constitution actuelle confère au niveau fédéral la primauté en matière internationale. Une telle réforme nécessiterait soit une révision constitutionnelle soit une loi spéciale nécessitant une double majorité des deux tiers.

Les conséquences potentielles sont significatives. Du côté flamand, cela impliquerait une réduction budgétaire d’environ 10% (22 millions €).

Les acteurs de la coopération craignent surtout une dilution qui compromettrait la cohérence et l’efficacité reconnues de la coopération belge ainsi que sa réputation internationale. Ils soulignent que la fragmentation des compétences nuirait à la qualité et à l’impact des actions de développement.

« Nous demandons au futur gouvernement belge d’investir dans un monde plus stable et durable, pour toutes et tous, ici comme ailleurs. Nous voulons que la Belgique reste un modèle sur la scène internationale, où elle est saluée pour la qualité de sa coopération au développement. Elle soutient non seulement des millions de personnes dans les pays les plus pauvres du monde, mais ce faisant, elle investit aussi dans la stabilité et la prospérité de notre monde à tous » ajoute Antoinette van Haute, chargée de recherche et plaidoyer sur le financement du développement au CNCD-11.11.11.

La coopération ne sert à rien : faux !


Dans les domaines de la santé et de l’éducation, par exemple, elle a permis de diviser par deux la mortalité infantile ou la non-scolarisation des enfants, de réduire la pauvreté, stimuler la croissance et les investissements, augmenter l’espérance de vie ainsi que le taux moyen de scolarisation.


Plus d’idées fausses à propos de la Coopération au développement et de son efficacité à lire dans notre analyse.

# jt216