Transformer les déchets issus de l’activité agricole en aliments pour nourrir les animaux d’élevage (bétail, volailles, etc.), c’est le nouveau projet pilote lancé par l’APEF (Association pour la promotion de l’entreprenariat féminin), partenaire d’Entraide et Fraternité au Sud-Kivu. Un projet qui a pour objectif de développer de nouvelles opportunités économiques dans la région.
Une véritable économie circulaire
Entraide et Fraternité a fourni ces dernières années aux paysannes accompagnées par l’APEF des machines (décortiqueuse, presse à huile, moulin, etc.) qui leur ont permis de transformer les produits agricoles bruts (maïs, arachide, riz, soja, etc.) en produits finis (huile, pâte d’arachide, lait de soja, etc.). Ce soutien a permis aux communautés paysannes d’augmenter leurs revenus grâce à la vente de produits qui se vendent plus facilement et à un meilleur prix.
Cependant, les activités de transformation des produits agricoles effectuées sur ces machines produisent des quantités importantes de déchets et de résidus (son de riz, son de maïs, tourteaux de noix palmiste, etc.). La coopérative Tuungane qui cultive le riz peut, par exemple, produire jusqu’à 60 tonnes de déchets. L’APEF a dès lors décidé, en se basant sur d’autres expériences lancées en Afrique, d’accompagner les paysannes à réutiliser ces déchets agricoles comme engrais organiques mais aussi comme aliments du bétail et des volailles.
Une dépendance qui appauvrit
La République démocratique du Congo dépense environ 2 milliards de dollars par an pour importer de la nourriture. Une portion importante de celle-ci n’est, en réalité, pas destinée à la consommation des Congolais et Congolaises mais sert à nourrir les animaux d’élevage (bétail, volailles, etc.). Le prix de la nourriture des animaux est très élevé sur les marchés congolais, ce qui appauvrit les communautés paysannes. Alors que 84,7% de la population du Sud-Kivu vit sous le seuil de pauvreté (la moyenne nationale étant de 71,3%), le développement d’une filière locale de production de nourriture pour les animaux pourrait réduire considérablement le taux de pauvreté dans la région.
Les déchets agricoles, une opportunité en or
105 paysannes sont actuellement formées par l’APEF sur les techniques de transformation des déchets agricoles (issus des machines de transformation) en aliments pour le bétail et les volailles. Elles font partie de coopératives et organisations paysannes situées au sein des territoires de Kabare, Walungu, Uvira et Fizi, tous situés au sein de la province du Sud-Kivu.
« Rien ne se perd, tout se transforme. C’est vraiment le coeur de notre action. »
Nunu Salufa, secrétaire générale de l’APEF
L’APEF leur fournira ensuite le matériel nécessaire pour mettre en pratique les techniques apprises durant la formation ainsi que pour assurer la conservation de la nourriture à destination des animaux d’élevage. Celle-ci est essentielle afin de faciliter les ventes. Un projet pilote qui permet aux communautés paysannes de rêver à de nouvelles opportunités économiques et à la réduction de la pauvreté dans la région.
Un double enjeu environnemental
Les déchets agricoles produits par les machines de transformation sont actuellement abandonnés dans la nature et même dans certains cours d’eau. La réutilisation des déchets agricoles aura, par conséquent, un impact direct et positif sur l’environnement. Mais elle aura aussi un impact indirect grâce à la réduction des importations, la nourriture pour les animaux d’élevage importée actuellement provenant de l’exploitation intensive et chimique de grandes étendues de terre.
« Ces formations constituent une ressource pour la vie. »
Jeanne Sikisa, vice-présidente de la coopérative Chegera
« Ces formations créent un moyen d’accéder de manière durable aux ressources productives et financières. »
Gisel Kongolo, présidente de la coopérative Mapendo de Kamanyola