Cette honte qui ne devrait pas être la nôtre
Elle ne devrait pas être la nôtre, cette honte. De vivre dans un pays condamné à 8000 reprises par ses tribunaux et par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour non-respect de la loi et de ses obligations en termes d’accueil sans que cela n’éveille un soupçon de révolte parmi la grande majorité de ses dirigeant·es et de ses citoyen·nes.
Elle ne devrait pas être la nôtre, cette honte. De voir des centaines de personnes demandeuses d’asile chassées quatre fois en un mois de leur abri d’infortune, contraintes de se loger dans des tentes le long d’un canal, dans des squats ou dans un futur centre de crise dont elles seront délogées aussi sec.
Elle ne devrait pas être la nôtre, cette honte. De regarder la capitale de l’Union européenne traiter des gens avec moins d’égard que dans un camp de personnes réfugiées de Grèce ou d’Ouganda, comme une mise en abyme de la façon dont cette même UE renforce encore et toujours sa posture de forteresse, de toute façon vouée à l’échec.
Elle ne devrait pas être la nôtre, cette honte. D’entendre un gouvernement annoncer triomphalement un accord sur une « crise de l’accueil » qui n’a jamais cessé et ne cessera pas plus de 24 heures mais qui cache juste son incapacité à définir la moindre vision d’une politique migratoire cohérente.
Cette honte qui nous habite ne devrait pas être la nôtre. Mais puisque celles et ceux qui en ont la charge ne l’éprouvent pas, nous ne pouvons nous empêcher de lui substituer la nôtre pour conserver un peu d’humanité.
Juste Terre ! 199
Télécharger le PDF