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Juste Terre !

Juste Terre ! n°212

La résilience plutôt que la fatigue
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Les guerres d’Ukraine et de Gaza ont respectivement 2 ans et demi et un peu moins d’un an et, pourtant, malgré l’horreur des massacres qui y sont perpétrés, elles ont déjà quasiment disparu des radars médiatiques. Que dire alors de ces pays – la République démocratique du Congo, Haïti… – dont on ne parle plus guère que pour y accoler un substantif : « fatigue » ? Qui n’a jamais entendu parler de « Congo fatigue » et de « Haïti fatigue » ?

Fatigue parce que ces pays, parmi les plus pauvres de la terre, semblent n’être épargnés par aucun fléau naturel ou humain, détruisant en quelques instants tout ce qui vient d’être reconstruit. Guerre contrôlée de l’extérieur, coup d’État, inondations ici ; typhons, séismes, mafia des gangs là : avec le même résultat, la désolation, la pauvreté, la violence débridée. Ici, comme là, les fauteurs de troubles violent les femmes, chassent les enfants, massacrent les familles, brûlent maisons et villages pour contrôler l’accès aux ressources ou à l’approvisionnement des marchandises pour le compte de potentats locaux sanguinaires.

Comment résister à cette fatigue imposée par le temps médiatique ? Ce sont, en Afrique centrale ou dans les Caraïbes, nos partenaires eux-mêmes qui nous donnent la réponse. Elle tient en un mot : résilience. Par leur travail de formation auprès des communautés locales, nos associations partenaires en Haïti donnent aux femmes les moyens de se prémunir des violences, de soigner celles qui ont été victimes, de prendre la place qui est la leur dans la société et de nourrir leur famille alors que le reste du pays sombre dans la famine. Cette résilience, c’est la clé de la dignité retrouvée, de la « remise debout » de ces populations qui prennent leur destin en main en dépit de toute fatigue.