L’annonce de l’accord politique entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) sur le traité commercial était attendue le 7 décembre lors d’un sommet des dirigeants du Mercosur à Rio de Janeiro. Grâce à une large mobilisation de la société civile européenne et latino-américaine, la France et l’Argentine font marche arrière. La signature de cet accord anachronique, en négociation depuis plus de 20 ans, est encore une fois reportée à une date inconnue.
La ratification de cet accord de commerce avait été déjà interrompue en 2019 suite aux préoccupations des États membres de l’UE et aux critiques de la société civile concernant l’augmentation de la déforestation et les violations des droits humains sous le gouvernement de Jair Bolsonaro au Brésil. Avec l’arrivée au pouvoir du président Lula, les négociations ont repris cette année mais le contenu de l’accord n’a pas changé. Pour sauver l’accord en lui donnant une allure plus écologique, la Commission a proposé un document annexé au traité. Sans portée contraignante, ce document ne parvient pas à atténuer les effets négatifs de l’accord. Au cours de l’année, la coalition européenne contre l’Accord, dont fait partie Entraide et Fraternité, a mené de nombreuses actions de plaidoyer et de mobilisation. Un récent lobby tour a, par exemple, eu lieu récemment avec des représentants syndicaux venus d’Argentine, afin de dénoncer les impacts négatifs de l’accord sur les droits humains, l’environnement et l’agriculture au Nord et au Sud.
Au Brésil, les problèmes de déforestation et les violations de droits humains persistent. Même si les projecteurs des médias sont braqués sur l’Amazonie, la déforestation s’intensifie dans d’autres écosystèmes importants comme le Cerrado, le Gran Chaco et le Pantanal. Les agriculteurs familiaux, les mouvements sociaux et les populations autochtones sont toujours menacés et attaqués par des gouvernements locaux d’extrême droite qui ne respectent pas leur droit à la terre. S’il était ratifié, l’accord commercial UE-Mercosur renforcerait encore plus les ressources et le pouvoir des entreprises multinationales, stimulerait l’expansion de l’agro-industrie et le commerce de produits toxiques, avec des conséquences néfastes sur les droits humains, sur la santé et sur la souveraineté alimentaire.
Malgré cela, la Commission européenne entend poursuivre les négociations, qui sont désormais entre les mains du nouveau président argentin d’extrême droite Milei, un climato-négationniste. À l’aube de la présidence belge de l’Union européenne et grâce à la pression de la société civile, la Belgique pose des conditions à la signature de l’accord, notamment la présence de clauses contraignantes concernant les droits humains et l’environnement, ainsi que le respect des normes sanitaires et phytosanitaires européennes pour les produits importés du Mercosur. Les organisations de la société civile européenne et latino-américaine, dont Entraide et Fraternité, continueront à dénoncer cet accord basé sur un paradigme néolibéral dépassé et nocif.